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La poésie française

Arthur RIMBAUD

Voyelles

A noir, E blanc, U vert, O bleu: voyelles,

Je dirai quelque jour vos naissances latentes:

A, noir corset velu des mouches éclatantes

Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d’ombre; E, candeurs des vapeurs et des tentes,

Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombrelles;

I, pourpre, sang craché, rire des lèvres belles

Dans la colère ou des ivresses pénitentes;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,

Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides

Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux;

O, suprême Clairon plein de strideurs étranges,

Silences traversés des Mondes et des Anges:

O, l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux!

O saisons, o chateaux

O saisons, ô chateaux,

Quelle âme est sans défauts?

O saisons, ô chateaux,

J’ai fait la magique étude

De Bonheur, que nul n’élude.

O vive lui, chaque fois

Que chante son coq gaulois,

Mais! je n’aurai plus d’envie,

Il s’est chargé de ma vie.

Ce Charme! il prit âme et corps

Et dispersa tous efforts.

Que comprendre à ma parole?

Il fait qu’elle fuie et vole!

O saisons, ô chateaux!

Et, si le malheur m’entraîne,

Sa disgrace m’est certaine.

Il faut que son dédain, las!

Me livre au plus prompt trépas!

- O saisons, ô chateaux!

Paul VERLAINE

Sagesse

Ecoutez la chanson bien douce

Qui ne pleure que pour vous plaire.

Elle est discrète, elle est légère:

Un frisson d’eau sur de la mousse!

La voix vous fut connue (et chère?),

Mais à présent elle est voilée

Comme une veuve désolée

Pourtant comme elle encore fière,

Et dans les longs plis de son voile

Qui palpite aux brises d’automne

Cache et montre au cœure qui s’étonne

La vérité comme une étoile.

Elle dit, la voix reconnue,

Que la bonté c’est notre vie,

Que dans la haine et de l’envie

Rien ne reste, la mort venue.

Elle parle aussi de la gloire

D’être simple sans plus attendre,

Et de noces d’or et du tendre

Bonheur d’une paix sans victoire.

Accueillez la voix qui persiste

Dans son naïf épithalame.

Allez, rien n’est meilleur à l’âme

Que de faire une âme moins triste!

Elle est en peine et de passage,

L’âme qui souffre sans colère,

Et comme sa morale est claire!..

Ecoutez la chanson bien sage.

Il pleut doucement sur la ville.

Arthur Rimbaud

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville.

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur?

O bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits!

Pour un cœur qui s’ennuie,

O le chant de la pluie!

Il pleure sans raison

Dans ce cœur qui s’écœure.

Quoi! nulle trahison?

Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine

De ne savoir pourquoi,

Sans amour et sans haine,

Mon cœur a tout de peine!

Chansons d’automne

Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon cœur

D’une langueur

Monotone.

Tout suffocant

Et blême, quand

Sonne l’heure,

Je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure.

Et je m’en vais

Au vent mauvais

Qui m’emporte

Deça, delà,

Pareil à la

Feuille morte.