Добавил:
Опубликованный материал нарушает ваши авторские права? Сообщите нам.
Вуз: Предмет: Файл:
Скачиваний:
0
Добавлен:
14.04.2023
Размер:
404.07 Кб
Скачать

ROUSSELIN.

Dieu merci, on ne se courbe plus clevant les seigneurs , comme autrefois!

BOUVIGNY.

En effet, votre grand-pere a été domestique dans ma maison ! ROUSSELIN.

Ah! vous voulez me deshonorer? Sortez, Monsieur! La consideration est aujourd’hui un privilege tout personnel. La mienne se trouve au-dessus de vos calomnies! Ne serait-ce que ces notables qui sont venus tout a l’heure m’oll`rir la candidature...

B0uv1GNY.

On aurait pu me l°oll`rir aussi, a moi! et je l’ai, je l’aurais ref`usée par egard pour vous. Mais devant une pareille indelicatesse, apres Ia declaration de vos principes, et du moment que vous etes un democrate, un suppôt de l’anarchie. ..

ROUSSELIN.

Pas du tout !

BOUVIGNY.

Un organe du désordre, moi aussi, je me déclare candidat ! Candidat conservateur, entendez-vous ! et nous verrons bien lequel des deux... Je suis meme le camarade du prefet qui vient d’etre nommé! Je ne m’en cache pas ! et il me soutiendra ! Bonsoir ! (Il sort.)

Scène IX.

ROUSSELIN, seul.

Mais ce furieux-la est capable de me démolir dans l’opinion, de me Faire passer pour un jacobin! J’ai peut —etre eu tort de le b esser. Cependant, vu la fortune des Bouvigny, il m`etait bien 1mpossible... N’importe, c’est Facheux ! Murel et Gruchet deja ne m’avaient pas l’air si rassures; et il faudrait decouvrir un moyen de persuader aux conservateurs... ipe je suis... le plus conservateur des hommes... ein? qu’est-ce donc ?

Scène X.

MUREL, avec une foule d°électeurs, HEURTELOT, BEAUMESNIL, VOINCHET, HOMBOURG, LEDRU, puis GRUCHET. MUREL.

Mon cher concitoyen, les electeurs ici presents viennent vous oH`rir, par ma voix, la candidature du parti liberal de l’arrondissement.

ROUssEL1N.

Mais... Messieurs...

MUREL.

Vous aurez entierement pour vous les communes de Faverville, Harolle, Lahoussaye, Sannevas, Bonneval, lrlautot, Saint-Mathieu.

ROUSSELIN.

Ah ! ah !

MUREL.

Randou, Manerville, la Coudrette ! Enfin nous comptons sur une majorité qui depassera quinze cents voix, et votre election est certaine.

ROUSSELIN.

Ah ! citoyens ! (Bas à Murel.) Je ne sais que dire.

MUREL.

Permettez-moi de vous presenter quelques-uns de 34 » THEATRE. vos amis politiques : d’abord, le plus ardent de tous, un véritable patriote, M. Heurtelot. .. f`abricant... HEURTELOT. Oh! dites cordonnier, ga ne me f`ait rien! MUREL. M. Hombourg, maitre de l’H6tel du Lion d'Or et entrepreneur de roulage; M. Voinchet, pépiniériste; M. Beaumesnil, sans Profession; le brave capitaine Ledru, retraité. ROUSSELIN, avec emhousiusme. Ah! les militaires! MUREL. Et tous nous sommes convaincus que vous remplirez hautement cette noble mission! (Bu 5 Rousselin.) arlez donc! ROUSSELIN. Messieurs! non, citoyens! Mes principes sont les v6tres! et... certainement que., je suis I’enf`ant du pafs, comme vous! On ne m’a jamais vu dire du ma de la liberté, au contraire! Vous trouverez en moi... un interpréte... dévoué a vos intéréts, le défenseur... une digue centre les envahissements du Pouvoir! MUREL, lui prenant la main. Tres bien, mon ami, tres bien! Et n’ayez aucun doute sur le résultat de votre candidature! D’abord, elle sera soutenue par l’[mpartial! ROUSSELIN. Iflmpartial pour moi?

LE CANDIDAT. CRUCHET, sortani de la foule. Mais tout 5. f`ait pour vous! .}’arrive de la redaction. .ll1!i€H est d,Ul’l€ 3I‘('l€l1I‘! (Bas xi Murel, étonné de le voir.) m’a donné des raisons. J e vous expliquerai. (Aux éleezeurs.) Vous permettez, n’est-ce pas? (A Rousselin.) Maintenant, c’est bien le moins que je vous !’améne? ROUSSELIN. Qui? pardon! car j’ai Ia téte... GRUCHET. Que je vous amene Julien; i! a envie de venir. ROUSSELIN. Est-ce. .. véritablement nécessaire? GRUCHET. Oh! indispensable! ROUSSELIN. Eh bien, a!ors...

oui, comme vous voudrez. Gruchet sort. HEURTELOT. _ Ce n’est pas tout qa, citoyen; mais la premiere chose quand vous serez la-bas, c’est d’abo!ir !’imp6t des boissons! ROUSSELIN. Les boissons? sans doute! HEURTELOT. Les autres font toujours des promesses; et puis, va te promener! Moi, je vous crois un brave; et tapez la dedans! ll lui tend la main. 3 .

36 rmiArR1z. ROUSSELIN, avec hésitation. Volontiers, citoycn, volontiersl HEURTELOT. A la bonne heure! et il l`aut que ga finisse! Voil:21 trop longtemps que nous soullronsl HOMBOURG. Parbleu! on ne fait rien pour

le roulage! l’avoinc est hors de prix! ROUSSELIN. C’est vrai! l’agriculture. . . HOMBOURG. Je ne parle pas de Yagriculture! .le dis le roulagc! MUREL. ll n’y a que cela! mais, grécc 51 lui, le G0uvernc· ment... LEDRU. · Ah! le Gouvernementl il décore un tas de Preluquets! VOINCHET. Et leur trace du chemin de l`er, qui passera par Saint-Mathieu, est d’une bétisc!... BEAUMESNIL. On ne peut plus élever ses enfants! ROUSSELIN. ‘ .le vous promets... . HOMBOURG. D’abord, les droits de la p0ste!...

LE CANDIDAT. ROUSSELIN. ‘ Oh! oui! · LEDRU. Quand ce ne serait que dans I’intérét de Ia disci- ' pline l . . .

ROUSSELIN. Parbleu! VOINCHET. Au lieu que si on avait pris par Bonneval... ROUSSELIN. Assurément! " HEAUMESNIL. Moi, j’en ai un qui a des dispositions... ROUSSELIN. Je vous crois! HOMBOURG, LEDRU, VOINCHET, BEAUMESNIL, tous it la fois. (Hoivmounc.) - Ainsi, pour Iouer un cabriolet. .. (Lzmxu.) - Je ne demande rien; ccpendant. . . (Vomci-mr.) — Ma propriété qui se trouve.. . (Bmumssmr.) - Car enfin, puisqu’iI y a des colleges. . . MUREL, élevnnt la voix plus lnut. Citoyens, pardon, un mot! Citoyens, dans cette circonstance ou notre cher compatriote, avec une simplicité dc Iangagc que j’ose dire antique, a si bien confirmé notre espoir, je suis heureux d’avoir été votre intermédiaire...; — et afin de célébrer cet événement, d’ou sortiront pour le canton, - et peutétre our la France, — de nouvelles destinées, er- P . . . . P mettez-moi de vous oH`rxr, Iundr procham, un punch, a ma fabrxque. ·

LES ELECTEURS.

Lundi, oui, Iundi!

MUREL.

Nous n’avons pIus qu’a nous retirer, je crois?

TOUS, en s’en n!!nnt.

Adieu, monsieur Rousselin! A bient6t! ga ira! vous verrez!

ROUSSELIN, donnant des poignées de main.

Mes amis ! l Ah! je suis touché, je vous assure! Adieu! Tout a vous! Les électcurs s’é!oigncnt.

MUREL, à Roussclin.

Soignez Heurtelot; c’est un meneur ! I! va retrouvcr nu Fond Ics électcurs.

ROUSSELIN, nppehmt.

Heurtelot !

HEURTELOT.

De quoi ?

ROUSSELIN.

Vous ne pourriez pas me faire quinze paires de bottes ?

HEURTELOT.

Quinze paires ?

ROUSSELIN.

Oui ! et autant de souliers. Ce n’est pas que j’aille en voyage, mais je tiens a avoir une forte provision de chaussures. HEURTELOT.

On va s`y mettre tout de suite, Monsieur! A vos { ordresl Il va rcioindre lcs élccteurs.

HOMBOURG.

Monsieur Rousselin, il m’est arrive dernierement une Eairc d’alezans, qui seraient des bijoux a votre calec el Voulez—vous lcs voir?

ROUSSELIN.

Oui, un de ces jours!

VOINCHET.

Je vous donnerai une petite note, vous savez, sur le trace du nouveau chemin de Fer, de Pacon a ce que,

prenant mon terrain par le milieu...

ROUSSELIN.

Tres bien !

BEAUMESNIL.

Je vous aménerai mon fils ; et vous convicndrez qu’il serait deplorable de laisser un pareil enfant sans education.

ROUSSELIN.

A la rentree des classes, soyez sur !

HEURTELOT.

Voila un homme celui-la ! Vive Rousselin !

TOUS.

Vive Rousselin !

Tous les électeurs sortent.

Scène XI.

ROUSSELIN, MUREL.

ROUSSELIN se précipite sur Mural, et Ycmbrsusant Ah! mon ami! mon ami! mon ami!

MUREL. ·

Trouvez~vous Ia chose bien conduite?

ROUSSELIN.

C’est—a-dire que je ne peux pas vous exprimer...

MUREL.

Vous en aviez envie, avouez~Ie?

ROUSSELIN.

J’en scrais mort! Au bout d’un an que je m’étais retire ici, a Ia camcinagne, j’ai semi peu a peu comme une Iangueur ..!e evcnais Iourd. Je m’encIormaxs Ie soir, aprés Ie diner; et Ie médecin a dit a ma f`emme : << II f`aut que votre mari s’occupe!» AIors j’a1 cherché en moi-méme ce que je pourrais bien f`aire._

MUREL.

Et vous avez pensé a Ia députation?

ROUSSELIN.

Nature!!cment! Du resce, j’arrivais a Page ou Pon se doit ca. J’ax donc acheté une bxblxothéque. J’a¤ prxs un abonnement au Monitcur.

MUREL.

Vous vous êtes mis à travailler, enfin ! ROUSSELIN.

Je me suis fait, premiérement, admettre dans une société d’archéologie, ct j’ai commcncé at recevoir, par la postc, des brochures. Puis, j’ai été du conscil municipal, du conseil d’arrondissement, enfin du conseil general; et dans toutes les questions importantes, de peur de me compromettre... je souriais. Oh! le sourire, quelquef`ois, est d’une ressourcc!

MUREL.

Mais le ublic n’était as fixé sur vos o inions ct _ P P P > il a f`allu — vous ne savez peut-étrc pas...

ROUSSELIN.

Oui! je sais... c’est vous, vous seul!

MUREL.

Non, vous ne savcz pas!

ROUSSELIN.

Si fait! ah! quel diplomate!

MUREL, in part.

Il y mord! Hm:. Lcs ouvricrs de ma fabrique etaient hostiles au debut. Des hommes redoutables, mon ami! A présent, tous dans votre main!

ROUSSELIN.

Vous valez votre pesant d’or!

MUREL, in part.

Je n°en demande pas tant! ‘

ROUSSELIN, le contemplant.

Tenez ! vous êtes pour moi… plus qu’un frere!...comme mon enfant ! 42 THEATRE. MUREL, avec Icnteur. Mais... je pourrais... Pétre. ROUSSELIN. Sans doute! en admettant que je sois p!us vieux. MUREL, avec un rire force. Ou moi. .. en devenant votre gendre. Voudriez; vous? . ROUSSELIN, avec Ie méme rire. Farceur!.. vous ne voudriez pas vous-méme! MUREL. Parbleu! oui! ROUSSELIN. AHons donc! avec vos habitudes parisiexmes! MUREL. Je vis en province! ROUSSELIN. Eh! on ne se marie pas 5. votre ége! · ' MUREL. Trente-quatre ans, c°est Yépoque! ROUSSELIN. I Quzmd on a, devant soi, un avenir comme Ie votre! MUREL. Eh! mon avenir s°en trouverait singuliérementu. ROUSSELIN. Raisoxmons; vous étcs tout simpicmcnt Ic dircctcur

LE CANDIDAT. de la filature de Bugneaux, représentant la Companie llamande. A ointements : vin t mille. PP g MUREL. Plus une part considerable dans les bénélices! ROUSSELIN. Mais l’année ou on n’en fait pas? Et puis, on peut tres bien vous mettre it la porte. MUREL. .l’irai ailleurs, ou `e trouverai... I ROUSSELIN. Mais vous avez des dettes! des billets en soullrancel on vous harcéle! MUREL. Et ma fortune, A moi! sans compter que plus tard... ROUSSELIN. Vous allez me parler de Phéritaie de votre tante? Vous n’y comptez pas vous-méme. lle habite a deux cents lieues d ici, et vous étes Ffichés! MUREL, in part. Il sait tout, cet animal-la! ROUSSELIN. Bref`, mon cher, et quoique je ne doute nullement de votre intelligence ni de votre activité, j’aimerais mieux

donner ma fille... a un homme... MUREL. n Qui n'aurait rien du tout, et qui serait bétel

44 THFZATRE. ROUSSELIN. Non! mais dont ia Fortune, quoique minime, serait certaine! MUREL. Ah! par exempie! ROUSSELKN. Oui, Monsieur, a un modeste rentier, 5. un petit propriétaire de campagne. ‘ MUREL. Voiia !e cas que vous f`aites du travai!! ROUSSELIN. Ecoutez donc! I°industrie, ca n’est pas SGT; et un bon pere de f`ami!Ie doit y regarder a deux f`ois. MUREL. Enfin, vous me ref`usez votre filie? ROUSSELIN. Forcément! et en bonne conscience, ce n°est pas ma f`aute! sans rancune, n’est-ce pas? (Appelam.) Pierre! mon buvard, et un encrier! Asselvez-vous Ia! Vous aI!ez preparer ma profession de oi aux éiecteurs. Pierre apportc ce qlue Roussciin a dcmandé, et Ie déposc sur a petite table, it droitc. . Munn. Moi! que je... ROUSSELIN. Nous Ia reverrons ensemble! Mais commencez d’abord. Avec votre verve, je ne suis pas inquiet! Ah! vous m’avez donné tout a I’heure un bon coup d’épauIe,

pour mon discours! Je ne vous tiens pas quitte! Est-iI gentil ! —— Je vous laisse ! Moi, je vais a mes petites affaires! Quelque chose d'enlevé, n°est—ce pas ? — du feu !

Il sort.

Scène XII.

MUREL, seul.

Imbécile ! Me voila bien avancé, maintenant ! (A Ia cantonade.) Mais, vieille béte, tu ne trouveras jamais queIqu’un pour la chérir comme moi ! De quelle façon me venger? ou plutôt si je lui faisais peur ? C’est un homme a sacrifier tout pour étre élu. Donc, iI faudrait lui découvrir un concurrent ! Mais lequel ? (Entre Gruchet.)

Scène XIII.

MUREL, GRUCHET.

GRUCHET.

Соседние файлы в папке новая папка 2