Добавил:
Опубликованный материал нарушает ваши авторские права? Сообщите нам.
Вуз: Предмет: Файл:
Скачиваний:
0
Добавлен:
14.04.2023
Размер:
404.07 Кб
Скачать

ROUSSELIN, furieux.

C`est un coup de pied pour l’imbécile qui fait de pareilles commissions !

Onésime s’enfuit.

Une lettre anonyme, après tout, je suis bien sot de m’en tourmenter ! (Il la froisse et la jette.) La haine de mes ennemis n’aura donc pas de homes! Voila une machination qui dépasse toutes les autres! C’est pour me distraire de la vie politique, pour me géner dans ma candidature ; et on m`attaque jusqu’au Fond de l’honneur ! Cette infamie-la doit venir de Gruchet... Sa bonne est sans cesse à rôder autour de la maison. .. (Il ramasse la lettre, et lisant.) <<Que votre femme a un amant ! » On n’est pas l’amant de ma femme ! -—- Quels sont les hommes qui peuvent étre son amant ?...

Est-ce assez bête !... Cependant l’autre soir, sous les quinconces, j’ai entendu un soufflet, presque aussitot un baiser! J’ai bien vu miss Arabelle ! mais surement elle n’était pas seule, puisque d’autre part, un soufflet ?...

Est-ce qu’un insolent se serait permis envers Mme Rousselin ?... Oh! elle me l’aurait dit ? Et puis, le baiser dans ce cas-la eut précédé le soufflet, tandis que j’ai fort bien entendu un soufflet d’abord, et un baiser, ensuite ! Bah ! n’y pensons plus! j’ai bien d’autres choses ! Non ! non ! tout à mon affaire !

Il va pour sortir.

SCÈNE IV.

ROUSSELIN, GRUCHET.

GRUCHET.

Il n’est pas la, M. Murel ? 1 16 THEATRE. ROUSSELIN. ‘ Vous venez me narguer, sans doute? jouir de ma défhite, ajouter vos persiflages. .. GRUCHET. Pas du tout! ROUSSELIN. Au moins, f`aut-ii se servir d`armes ioyaies, Monsieur! GRUCHET. Le droit est de mon cété! ROUssEL1N. Je sais bien qu’en poIitique... GRUCHET. Ce n’est pas Ia politluue qui me fait agir, mais des intéréts pius humbies. . Murei... ROUSSELIN. Et je me moque de Murell GRUCHET. Voiia huit jours qu’ii m’échappe, maigré ses promesses. Et ii se conduit dune maniére abominable! Non content de s’étre Iivré sur moi A des vioiences, —- je pouvais Ie traduire en justice; je n’ai pas voulu, par respect du monde et consrdération pour i’industrie. ROUSSELIN. Plus vite, je vous prie!

GRUCHET. M. Murei s’est engagé, en arrivant ici, dans des

( LE CANDIDAT. 1 17 opérations de Bourse, qui furent cl’aborcl heureuses; et il a si bien fait... que... une premiere l`ois, je lui ai prété clix mille Francs. Oh! il me les a renclus, et méme avec des bénéfices! Deux mois plus tarcl, autre prét de cinq mille! Mais la chance avait toumé. Une troisiéme l`ois... ROUss1a1.1N. Est-ce que qa me regarde? GRUCHET. Bref`, il me doit actuellement trente mille deux cent vingt—six Francs, et quinze centimes! · ROUSSELIN, 5 part. Ah! c’est bon it savoir! GRUCHET. Ce jeune homme a abusé cle ma candeur! ll me leurrait avec la perspective cl’une belle aH`aire, un riche mariage. ROUssEL1N, A pm. Coquinl GRUCHET. Par sa l`aute, je me trouve sans argent. Depuis quelque temps, j’en ai tellement dépensé! (I1 wupim.) Et, puisque vous étes son ami, arrangez-vous, pr1czle, pour qu’il me rende ce qui m’appart1ent. ROUSSELIN. Me clemander cela, vous, mon rival!_ GRUCHET. Je n’ai pas fait le serment de l’étre toujours! .l’ai du cosur, monsieur Rousselin; je $315 reconnaltre les bons ollices!

i i 8 THEATRE. ROUss1aL1N. Comment! lorsque je posséde une reconnaissance de six mi!!e Francs, prétés autref`ois pour commencer vos aH`aires, et dont [es intéréts, depuis Yépoque, montent A plus de vingt mi!!e! GRUCHET. C'est méme ou je voulais en venir. Donnant, donnant! ROUssEL1N. Je n'y suis plus du tout! GRUCHET. Songez donc que beaucoup de personnes dépendent de moi, et que j’ai, sans qu’i y paraisse, pas ma! d’in-_ Huence! Si vous me remettiez Ie papier en question, on pourrait s’entendre. ROUSSELIN. Sur quoi? A GRUCHET. Je Iécherais les électeurs. R0ussEL1N. Et si je ne suis pas nommé?... Je perds mon argent! GRUCHET. Vous étes trop modeste! ROUSSELIN. · Hein? GRUCHET. A votre guise! Jusqu’5. Ia derniére minute, i! sera temps! Mais je vous répéte quevous avez tort! I! se dirige vers Ia gauche.

LE CANDIDAT. 1 19 ROUSSELIN. Ou allez-vous donc par la? GRUCHET. Dans ce cabinet, ou mon ami Julien doit étre at travailler sur le procés-verbal de la séance. Je vous assure que vous avez tort! SCENE v. ROUSSELIN, puis MUREL. ROUSSELIN. Est-ce un piége, ou serait-ce la vérité? Quant at Murel, c’est un sauteur clui l`aisait tout bonnement une spéculation. Oh! je men doutais un peu! Mais at présent, je ne vois pas pourquoi je me génerais; il a perclu son créclit sur le peuple, et ma Poi . .. Il sort. MUREL, entre joyeux. Pardon de vous avoir quitté si vitel Je viens de chez’Dodart. Quel événement, mon cherl Un bonheur!... ROUSSELIN. Ah! vous en l`aites de belles! Je suis obligé de recevoir vos créanciers. Gruchet exige trcnte mille Francs! MUREL. La semaine prochaine, il les aura! ROUSSELIN. Encore vos l`orl`anteries! Jamais vous nc cloutez dc

i zo THEATRE. rien!... De méme Eour ma candidature! On n’cst pas en vérité moins ha ile; et vous auriez du p!ut6t... MUREL. Soutenir Gruchet, n’est—ce pas? ROUSSELIN. C’est tout comme! L’Impartial, depuis huit jours, n'a rien f`ait. - MUREL. J’étais en voyage; et je suis revenu sans méme attendre... .ROUSSELlN. Mauvaise excuse! MUREL. La réclamation de Gruchet est une vengeance. Je me perds a cause de vous;heureusement

que... ROUSSELIN. Quoi donc! MUREL. · Vous m’avez, en quelque sorre, promis la main de votre fine . . .

ROUSSELIN. Oh! oh! entendons-nous! MUREL. Mais vous ne savez donc pas que je viens d’hériter! ROUSSELIN. De votre tante, peut-étre? MUREL. Ccrtainement !

LE CANDIDAT. I 2 I ROUSSELIN. La plaisanterie est rebattue. MUREL. Je VOUS il1I'C ql1C ma {AHEC est morte! . ROUSSELIN. Eh bien, CHICITCZ-la, et HC mc bCI'l‘lCZ PBS AVCC VOS histoires cl’héritage. MUREL._ Rien de plus vrai! Seulement, comme la pauvre Femme a trépassé depuis mon départ, on cherche si ql1Clq Cl`0IS UH alltfc tCSt3mCHt... ROUSSELIN. Ah! il 3 a des si I Eh bien, mon cher, moi, j’aime les gens s rs des choses qu’ils disent et entreprennent. MUREL. Monsieur Rousselin, vous oubliez trop qc que je puis faire pour vous! ROUSSELIN. Pas grand’chose! Les ouvriers nc vous écoutent U plus. MUREL. Vraiment! Parce qu’il y a cinq ou six braillards peut-étre... des hommes que j’avais renvoyés de ma Pabrique. . . Mais tous les autres! ROUSSELIN. POLlI'q.10l DC SOHC-llS PBS VCDLIS? " ) MUREL. Comment les amener, étant absent?

iz:. THEATRE. ROUSSELIN, 5 part. Ceia, c’est une raison. MUREL. Vous ne connaissez pas Ieur humeur; et je parie que cI’ici ai dimanche prochain, si je voulais, j’aura1s Ie temps... Mais non, je nc m’en méle pIus... et...

ye recommanderai Gruchet! ROUSSELIN, E part. II me fait des menaces! . .. Est-ce que j’aurais encore des chances? (Ham.) Ainsi, vous croyez... que I°eH`et cI I ' ’ p ét' b I t 7 e arcun1on... na as e a so umen mauvais. MUREL. Ah! vous avez blessé Ie peupiei _ ROUSSELIN. ‘ Mais "cn suis du cu le! Mon ére était un modestc . I . , P P. P . travailieur. Voila ce qgul I`aut leur dire, mon bon MureI, et que j°ai sou ert pour eux, car Ie Gouvernement a mis Ia main sur moi, Ia, tout a I'heure! Retournez a la filature. MUREL. Mais écoutez!... j’apporte...

on n’attencI plus que Ie certificat dc décés de mon cousin... ——- ROUSSELIN. Faites-Ieur comprendre! . . .

MUREL. Premiérement, une Ierme. »

SCÈNE VI.

Les Mêmes, Mme ROUSSELIN, LOUISE.

MADAME ROUSSELIN, à la cantonade.

Louise, suis-moi donc ! Qu’as-tu a regarder partout ? (A son mari.) Ah ! je te trouve enfin ; j’étais inquiete. S’il y a du bon sens !

ROUSSELIN.

Je ne pouvais pas...

LOUISE, apercevant Murel.

Mon ami !

MUREL.

Louise !

MADAME ROUSSELIN, scandalisée.

Que signifie ? Est-ce une tenue pour une jeune personne ? Et vous-même, Monsieur, une pareille familiarité

!...

MUREL.

Mon Dieu, Madame, M. Rousselin pourra vous dire...

MADAME ROUSSELIN.

Je suis curieuse, en effet, de voir par quelles raisons, ma fille...

ROUSSELIN.

Ma chérie, d`abord tu comprendras...

LOUISE, à Murel, à part.

C’est moi qui ai poussé ma mère à venir ; je vous savais ici ; pas d’autre moyen !... a· T:.4 THEATRE. MUREL, de méme. I! Faut brusquer tout; je vous dirai pourquoi. (Skvangant vers M. et M"‘° Rousselin.) Madame, bicll (L1’0I1 Kit Fhabitude d’emp!oyer pour de te!!es démarc cs des intermédiaires, je m`en passe Forcément, et je vous prie de m’accorder en mariage M“° Louise. MADAME ROUSSELIN. Monsieur, mais Monsieur, on ne prend pas !es gens . . . MUREL, vine. Ma nouve!!e position de fortune me permet... ROUSSELIN. Ah! il f`aut voir! MADAME ROUSSELIN. Cela est si en dehors des procédés ordinaircs... _ LOUISE, souriam. Oh! manmn! . MADAME ROUssEL1N. Et cette inconvcnance, dans un endroit public! Ju!ien entre par !a porte de gauche. SCENE vu. Las Mérvuas, JULIEN. JULIEN, 5 Rousselin. Je viens, Monsieur, me mettre 5. votre disposition.

LE CANDIDAT. z 2j ROUSSELIN. Vous? JULIEN. Oui, moi, absolumentf MUREL, A part. Qui I’amene ? JULIEN. Mon journal ayant une autorité de vieiffe date dans Ie pays, je peux vous étre utife. ROUSSELIN, ébahi. Mais Mural? JULIEN. J’ai entendu a travers cette cfoison tout ce qui s’est passé at fa séance; et il m’est f`aciIe d’en f`aire un compte rendu favorable (désigmm Muni), avec Ia permission, tourefois, dc mon chef`. MUREL. Parbfeuf depuis assez fongtemps!... ROUSSELIN. Comment vous exprimer . . . MADAME ROUSSELIN, bas I1 son mari. Tu vois que j’ai réussi, bein? (Bas §Jufien.) Je vous remercie. ` JULIEN, de méme. . Vos yeux me soutenaient! c'est fait!

iz.6 THEATRE. ROUSSELIN, a sa Femme. ll est charmant! Délendu par vous, qui étes un polémiste! . . .

MUREL. Un talent flexible, clair, ittores ue! P (I ROUSSELXN. Je crois bien! MUREL. Et d'unc violence quand il veut s’en donner la peinel (Bas,aJulicn.) Dites que l’idée vient de moi; vous m’obligerez. JULXEN. Mal ré les ar ments de notre ami Murel, —— car g gu il vous prone avec une ardeurl... — jc demeurais dans mon obstination (regardant M··· Rousselin), mais tout 5. coup, comme éclairé par une lumrérc, et obéissant 5. une voix, j’ai vu, j'ai compris. ROUSSELXN. Ah! cher monsieur, je suis pénétré de reconnaissance! JULIEN, bas, 5 M"" Rousselin. Quand vous reverrai-je? MADAME ROUSSELXN, de méme. Je vous le f`erai savoir. ROUSSELIN, B. Julien. Par excmple, je ne sais pas comment vous vous y prendrezl _

LE CANDIDAT. 127 JULIEN, gaiemem. l Ceci est mon aH`aire! ROUSSELIN, in sa Femme. Prie donc M. Julien de venir ce soir dfner chez nous, en Famille. MADAME ROUSSELIN, faisant unc révércncc. Mais certainement, avec le plus grand plaisir. JULIEN, saluant. Madame!

ACTE QUATRIÈME.

Le cabinet de Rousselin. Au fond, une large ouverture avec la campagne a l’horizon. Plusieurs portes. A gauclne, un bureau sur lequel se trouve une pendule.

Scène première.

PIERRE, puis le Gum; cuAM1>éTm;, pu;. 1=EL1c1TE.

PIERRE, a la cantonade, d’une voix tres haute. Francois, allez prendre dans le char a bancs huit messicurs a Saint-Léonard, et vous nc refermercz pas la grille! — Il l`aut q)u’Elisabeth porte encore des bulletins. —- Vous n’ou lierez pas, en revenant, le papetier pour les cartes dc visite. Entre un commissionnaire qui lxalette sous un ballot de iournaux. C’est lourd, hein? mon l>rave... Mettez cela ici; bonl (L’l1omme déposc son ballot par terre, pres d’un autre beaucoup plus grand.) Et descendez vous rafralchir a la cuisine. On y boit du champagne dans des pots a conlitures; rien ne cofnte, vu la circonstance! Ce soir Vélection, et la semaine prochaine, Paris! Voila assez longtemps que j’en revc le séiour, principalcment pour les hultrcs et le bal dc l’Opéra! (Considérant lcs deux tus de journaux.) l..,8I‘lClClC de Julien, CI’1· core! A qui cn distribuer? Tout lc monde en aa, sans

LE CANDIDAT. I 29 exagération, au moins trois exempIairesI Ec il nous en reste!... N’importe! a Youvrage! II commence 21 diviser Ie tas par petits paquets. Entre Ie garde champétre. Ah! pére Morin, aujourcI’I1ui vous étes en retard! LE GARDE CHAMPETRE. C’est qu'iI y a eu, chez M. Murel, une espéce cI’émeute; Ies ouvriers maintenant sont contre Iui [on parIe méme cIe Faire venir cIe Ia troupe IU:]. Ah! qa ne va pas! ca ne va pas! Il se met a aider Pierre. Entre FéIicité. PIERRE. Tiens, Féiicitéi Bonjour, madame Gruchet. réucmé. I Malhonnéte! PIERRE. Je vous croyais f`5.chée cIepuis que votre maitre nous I`ait concurrence? FELICITE, secbement. Qa ne me regarde pas!. .. J’ai une commission pour Ie v6tre. PIERRE. II est sorti. rériciré. Mais il rentrera pour déjeuner? PIERRE. Est-ce qu’on déieune! Est-ce qu’on a Ie temps! Monsieur, du matin au soir n’arréte pas, Madame U) Enievé par LA CENsunE. 9

1 go THEATRE. orte des secours at domicile, et Mademoiselle, avec P . . . un grand tablier, distribue des potages aux pauvres! FELICITE. Et l’institutrice? PIERRE. Oh! plus gnian—gnian que jamais! (Au garde champétre.) Non! comme cela! (Pliam un joumal.) C’est Monsieur qui m’a appris, de maniere a ce que l’on voie, du premier coup d’¤eil, I’article. ‘ LE GARDE CHAMPETRE. ll cause dans l’arrondissement une agitation!...

PIERRE. Pour étre tapé, il I’est. FELICITE. En attendant, u’y aurait-il pas moyen de Iui dire un mot, a votre Anglaise? PIERRE, désignant la porte de gauclnc. Sa chambre est par la, au f`ond du corridor, at droite. FELICITE. Oh! je sais. Elle se dirige vers la Porte. PIERRE. Notre patron!

LE CANDIDAT. I 3 I SCENE 11. Las Mérvuas, ROUSSELIN. ROUSSELIN, en entrant, presse clnaleureusement Ia main de Pierre. i Mon cl1er ami. .. PIERRE, étonné. Mais, Monsieur?... ROUSSELIN. Une distraction, c’est vrai! I..’l1abitude de donner au premier venu des poignécs de main est plus l`orte que moi... .l’en ai la paume enflée. (Au garde clnmpérre.)

trés I)ICI’1I (Lui glissant de l’argent d'une maniére discrete.)

Merci!... et... ne crai nez as... si `amais vous aviez _ g P l besom . . . LE GARDE CHAMPRITRE, avec un geste pour le rassurer. Oh! Il sort avec Pierre qui l'aide a porter les joumaux. ROUSSELIN. II enfonce toutes les objections, Particle! —— démontrant Fort bien qu’il est absurde d’avoir des opinions arrétées d’avance, et que ma conduite par la est plus sage et plus loyale. II vante mes lumiéres administratives; il dit méme que i’ai fait mon droit. -- .l’ai poussé jusqu’au premier cxamcn, -— et avec des tournures de stylc!... -— C°est pourtant a ma femme que ie dois cela! FELICITR, slavancant, ct lui remcttant une Iettre. V De la part de M. Gruchet! 9.

ROUSSELIN.

Ah! (Lisant.) << La quittance, et je me désiste. Vous pouvez la confier à ma bonne.»

Diable ! Voila ce qu’on appelle vous mettre le couteau sur la gorge !

Mais, s’il se retire, pas d’autre concurrent, et je suis nommé ! Mon Dieu, oui ! C’est bien clair ! La somme est lourde, cependant, et je n’aurai plus contre lui aucun moyen...Eh ! quand il sera élu, belle avance! Pour six mille Francs, dont je ne parlais pas, que j'avais oubliés...A quoi me serviraient-ils? Bah ! on n'a rien sans sacrifice ! (Il ouvre son bureau.) Tenez ! (Donnant un petit papier à Félicité.) Dépéchez-vous ! votre maitre attend !

FÉLICITÉ.

Merci, Monsieur!

Elle sort.

ROUSSELIN.

La démission est tardive ! Bah ! le scrutin ne fait que d’ouvrir, et quand j’y perdrais quelques voix…

SCÈNE III.

ROUSSELIN, MUREL, DODART.

MUREL.

Ah! maintenant vous me croirez. Je vous amene le notaire, avec toutes ses preuves.

DODART.

Voici les actes de l’état civil, et l’extrait d’inventaire établissant les droits et qualités de mon client à LE CANDIDAT. 1 gg la succession de M“‘° veuve Murel de Montélimart, sa tante. ROUSSELIN. Mes compliments! MUREL. Ainsi, rien ne s’oppose plus a ce que... ROUssEL1N. Quoi? <]u’est-ce que vous clites? MUREL. Mon mariage? ROUSSELIN. Er comment voulez-vous que clans un jour pareil? MUR121,. Sans doute! Cependant, sans rien décider, on pourrait convenrr... ROUss12LIN, in Dodan. Savez-vous quelque chose cle nouveau? On ne vous a pas dit, par hasarcl, que Gruchet... MUREL. Mon cher, il me semblc que vous pourriez accorcler plus d’attention... ROUSSELIN. Non! pas de bavardage! Vous Feriez mieux de ne pas quitter vos hommes; le bruit court mémc qu’1ls se disposent... MUREL. Mais j’ai amene exprés Doclart!

r 34 THEATRE. ROUSSELIN. Allez-vous-en! Nous causerons ensemble cle votre aH`aire! MUREL. Vous consentez, alors? c’est bien sur? . R0ussEL1N. Oui! mais ne perclez pas cle temps! MUREL, sortant vivemem. Ah! comgtez sur moi! Quancl je devrais leur clonner cle ma ourse une augmentation!... ll sort. SCENE IV. ROUSSELIN, DODART, puis MARCHAIS, ` puis PIERRE, puis ARABELLE. R0ussEL1N. Un bon enf`ant, ce Murel! DODART. Néanmoins, il se trompe! Les ouvriers maintenant se moquent cle lui! Quant 5 sa fortune, par exemple... ` MARCHAIS. Serviteur! M. cle Bouvigny m’envoie chercher votre réponse. ROUSSELIN Comment? ·

LE CANDIDAT. 1 gg MARCHAIS. La réponse A la chose que M. Dodart vous a communiquée? DODART, se Frappam le front. Quelle étourderiel la premiére, peut-étre, qui m’arrive dans Ia carriére du notariat! MARCHAIS, i Rousselin. Et il demande un mot d’écrit. ROUSSELIN. Mais?... DODART, i Rousselin. i Je vais vous dire. (AMarcluis.) Patientez quelques minutes dans la cour, n’est-ce pas? (Marchais sort.) M. de Bouvigny est

donc venu, il y a trois jours, m’a{Hrmer encore une l`ois qu’il tenait in votre alliance". ROUSSELIN. .le le sais. DODART. Et que si vous vouliez, -— dame! on se sert des moyens que I’on a, on utilise les armes que l’on possédel Ce n’est peut-étre pas toujours extrémement l>ien... mais... ROUSSELIN. Ah! vous avez une faqon de parler!... DODART. Sans l’aH`aire de Murel, qui est tombée dans mon étude, et qui a pris tous mes instants, je serais vite acC0uru.

x ;6 THEATRE. ROUSSELIN. Au fait, je vous en priel DODART. Si vous accordez votre Elle A son Els, il est sur, entenclez-vous, le comte m’a dit qu’il était sur cle vous faire élire, ne serait-ce qu’en amenant aux urnes soixante—quatre laboureurs. - R0uss12LrN. Cet envoi de Marchais est une sommation? DODART. Absolument. I ROUSSELIN. Eh bien?... et Murel! DODART. En eH`et, vous venez de lui romettre. P ROUSSELIN. Lui ai-je promis?... DODART. Oh! légérementl ROUSSELIN. Pour ainsi dire, presque pas!... Cependam;...' EnEn ‘ que me conseillez-vous? DODART. C’est grave! tres grave! Des liens d’amitié, des rapports d’mtérét méme m’attachent at M. de Bouvigny, et je serais enchanté Kimr moi... D’autre part, je ne vous cache pas que . Murel maintenant... (A pm.)

LE CANDIDAT. I gy Un contrat! (Ham.) C’est a vous de `réfléchir, de voir, de peser les considérations! D’un c6té le nom, de l’autre la fortune. Certainement, Murel devient un parti. Cependant le jeune Onésime...

ROUSSELIN. Que f`aire ? Eh! ma f`emme que j’oubliais! D’ailleurs je ne peuxcpas agir sans sa volonté. (Il sonne.) Tout le monde est onc mort aujourd’hui! (Il aria.) Ma f`emme! Pierre! (A Pierre qui entre.) Dites a Madame que j’ai besom d’elle! PIERRE. Madame n’est pas dans la maison! . ROUSSELIN. Voyez au jardin! (Pierre sort.) Elle découvrira un expedient; elle est quelquef`oIs d’un tact... DODART. En de certaines circonstances, je consulte, comme vous, mon épouse; et je dois lui rendre cette justIce... PIERRE rentre. Monsieur, je n’ai pas vu Madame! ROUSSELIN. N’importe! trouvez—la! PIERRE. ` La cuisiniére suppose que Madame est sortie depuis longtemps. ROUSSELIN. Pour ou aller? PIERRE. Elle ne l’a pas dit!

ROUsSEL1N.

Vous en étes sur?

PIERRE.

Oh!

ll sort.

ROUss£L1N.

C’est extraordinaire! jamais de sa vie!...

ARABELLE, entrant Fort émue.

Monsieur! Monsieur! il f`aut que je vous parle! écoutez-moi! une chose importante! oh! trés sérieuse, Monsieur!

DODART.

Dois-je me retirer, Mademoiselle ?

Signe affirmatif d’Arabelle ; il sort.

{{Scène|V.}]}

ROUSSELIN, Miss ARABELLE.

ROUSSELIN.

Que me voulez-vous ? dépêchons !

Miss ARABELLE.

Mon Dieu, Monsieur, pardonnez-moi si j’ose... c’est dans votre intérêt ! L'absence de Madame parait vous. ..

contrarier ? et je crois pouvoir. ..

Соседние файлы в папке новая папка 2