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2. La synchronie et la diachronie.

La stabilité et l’évolution, l’immobilité et le mouvement caractérisent

une langue à tout moment de son existence.

Tout système peut être analysé sous deux aspects: statique et dynamique.

Une telle approche appliquée à l’histoire du français permet d’analyser la langue

sous son aspect synchronique (statique) ou diachronique (dynamique).

La langue peut être examinée à une époque donnée dans son état

statique; c’est une étude synchronique. Mais elle peut être étudiée tout au

long d’une période avec les mutations qui surviennent dans la langue et la

transforme peu à peu; c’est une étude diachronique qui porte sur l’évolution

que la langue subit.

3. Les méthodes de l’histoire de la langue française.

L’étude synchronique d’une langue se propose de montrer les lois du

fonctionnement de la langue à une époque donnée (cf.: le français moderne

que l’on apprend à l’école – ce n’est que l’étude synchronique de l’état

25

actuel de la langue française; l’étude de l’ancien, du moyen français et du

français classique se fait aussi dans l’aspect synchronique). Dans le cas de

l’étude synchronique le linguiste ne cherche pas à comparer les formes

existant à des époques différentes, il ne se pose pas la question «pourquoi»,

mais se contente d’attester les faits linguistiques tels qu’ils sont sans expliquer

leurs particularités et leurs raisons d’être dans la langue. La synchronie

étudie un état de la langue sans relater son état précédent.

A la différence de la méthode synchronique, l’étude diachronique

d’une langue, tout en comparant les étapes successives de son évolution,

se propose de tirer au clair les causes des changements. La confrontation

ainsi faite permet de découvrir les lois qui régissent l’évolution et répondre

aux questions: pourquoi une telle mutation a eu lieu et comment elle

s’est produite, c’est-à-dire mettre en évidence les causes de ces changements.

Il existe deux approches pour effectuer l’analyse diachronique:

A. La confrontation (comparaison) de deux ou de plusieurs coupes synchroniques.

Suivant cette méthode les linguistes étudient toutes les parties de la

langue (phonétique, grammaire, lexique) à une époque donnée (appelée coupe

synchronique): le latin vulgaire, l’ancien français, le moyen français, le français

classique. Après avoir étudié chaque coupe successive les savants procèdent

à les comparer pour établir les voies du développement de la langue.

B. La description de tous les changements survenus dans une partie

de la langue à travers les siècles, par ex., dans le phonétisme (description

purement diachronique). Ayant réuni les données obtenues on peut se

faire l’idée de grandes lignes de l’évolution de chaque partie de la langue

et créer une phonétique historique, une grammaire historique, etc.

Les savants russes sont les adeptes de la première approche, les romanistes

français préfèrent appliquer la deuxième méthode. Les deux formes

d’études diachroniques ne sont pas sans défauts, mais la dernière est plus

contestable (contreverse) car elle ne prend pas en considération l’influence

des faits sociaux sur l’évolution de la langue niant ainsi son caractère social.

Les manuels d’histoire de la langue française reflètent ces deux approches

d’études diachroniques parce qu’ils sont rédigés tantôt selon la

première, tantôt selon la deuxième.

4. L’aperçu de la littérature didactique.

Dans le premier type de manuels toute l’histoire du français est répartie

en périodes qui correspondent aux étapes historiques passées par

l’Etat français, chaque période présentant l’évolution du système linguistique

dans l’ensemble de ses trois aspects (phonétique, grammaire,

lexique). Tels sont les manuels de L. M. Skrélina et de L. A. Stanovaïa,

de N. A. Katagochtchina, M. S. Gourytschéva, K. A. Allendorf,

de N. A. Chigarévskaïa, etc. (voir la bibliographie).

26

Les auteurs du deuxième type de manuels exposent l’histoire du français

divisée en deux parties dont la première décrit les conditions historiques,

politiques, culturelles de l’évolution de la langue («linguistique externe

» selon la terminologie de F. de Saussure); la deuxième présente l’analyse

des changements du système linguistique («linguistique interne») réparti

par aspects: phonétique, grammaire, vocabulaire, etc. Tels sont les manuels

de A. Darmesteter «Cours de grammaire historique de la langue

française», de K. Nyrop «Grammaire historique de la langue française

», de A. Dauzat «Histoire de la langue française» (voir la bibliographie).

Ces deux façons d’exposer le matériel sont loin d’être parfaites.

La première approche permet d’examiner les changements linguistiques

dans les conditions historiques bien déterminées et d’étudier l’influence

de ces dernières sur le développement de la langue. Ainsi la langue

se présente-t-elle en tant qu’unité structurale dont chaque élément

dépend des autres à toute étape de son évolution. Toutefois le développement

des éléments du système linguistique ne correspond pas forcément

aux périodes historiques, car il existe des modifications syntagmatiques

(faits de la parole) qui durent plusieurs siècles avant de passer au rang

d’un changement paradigmatique (faits de la langue).

Dans le cadre de la deuxième approche l’évolution linguistique s’avère

séparée des conditions historiques dans lesquelles elle se produit. Bien

plus, la langue se présente morcelée en diverses parties indépendantes:

elle n’est plus une unité structurale, un système. En revanche, grâce à

une étude approfondie les linguistes peuvent se faire des idées plus précises

de l’évolution de chaque partie de la langue.

IV. La périodisation et la chronologie de l’histoire

de la langue française.

Il est impossible d’étudier l’évolution du français qui a duré plus de

mille ans sans la diviser en parties. Cette répartition en coupes synchroniques

permet d’entreprendre une analyse plus détaillée des changements

de la langue à chaque époque donnée.

Dans l’histoire de la langue française les linguistes dégagent les

périodes de l’ancien français (AF), du moyen français (MF) et du français

moderne (FM). Mais quant à la chronologie de ces périodes les

savants n’y sont pas unanimes.

Pour M.V. Serguievski l’ancien français s’étend entre le IXe et le XVIe

ss., tandis que N.A. Katagochtchina, M.S. Gourytschéva, K.A. Allendorf

estiment qu’il va du IXe et s’achève au XIIIe s.; par le moyen français on

désigne la période entre le XIVe et le XVe ss. (F. Brunot, N.A. Katagochtchina,

M.S. Gourytschéva, K.A. Allendorf) ou la période entre le XIVe et le XVIe

ss. (A. Dauzat, P. Guiraud, M. Cohen); le français moderne comprend le fran27

çais classique (les XVII e – XVIII e ss.), le français contemporain: les XIXe –

XXe ss. L.M. Skrelina est d’avis, que l’ancien français dure du IXe au XIIIe

ss., le MF – du XIVe au XVIe ss.; selon elle le français moderne et contemporain

du XIXe et du XXe ss. font l’objet des cours théoriques de la langue

moderne (grammaire et phonétique théoriques, léxicologie et stylistique).

Certains linguistes (P.Guiraud, entre autres) traitent le XVIe s. comme

un siècle de transition; par rapport à la période du moyen français il

marque l’achèvement de plusieurs transformations linguistiques ayant eu

lieu dans le courant des XIVe , XVe et XVIe ss.

Quelle que soit une chronologie elle est toujours conventionnelle car:

1) les événements de l’histoire exterieure ne coïncident pas forcément avec

les transformations linguistiques; 2) différentes couches (parties) de la langue

évoluent avec une vitesse différente, le lexique étant le plus sensible et

donc mobile, la grammaire au contraire étant la plus stable.

La périodisation la plus largement admises est la suivante:

A. L’ancien français qui dure du IXe au XIIIe s.; on comprend

sous ce terme l’état dialectal, quand la France n’est qu’une seigneurie

parmi plusieurs autres et quand l’idiome parlé dans le royaume de France,

le francien, n’est qu’un dialecte parmi plusieurs autres;

B. Le moyen français qui va du XIVe au XVIe s.; par ce terme on

désigne la période, où la consolidation sociale, politique et économique

de la France met fin à la féodalité, et où le dialecte de l’Ile-de-France

devient langue de la nation française;

C. Le français moderne qui va du XVIIe s. et qui dure encore; on

subdivise cette période en deux: le français classique (du XVIIe au XVIIIe s.)

et le français moderne ou contemporain (du XIXe au XXe ss.). La

période des XVIIe – XVIIIe ss. est celle où s’achève la formation de

l’Etat national français et s’établissent les normes de la langue française

en tant que langue littéraire et écrite.

Questions ( * – questions demandant des réflexions)

I. 1. Quel est l’objet d’étude de l’histoire de la langue française?

Quels buts prévoit-on d’atteindre en étudiant l’histoire de la langue

française?

*Comment le temps (l’époque), l’espace (la distance) et la société

(l’organisation sociale, politique, économique, la culture) influencent-ils

l’évolution de la langue? Donnez des exemples.

2. En combien de parties est divisée la langue?

* Cette division, ne serait-elle pas conventionnelle? Pourqoi?

Quelles sciences linguistiques historiques connaissez-vous?

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Qu’étudie chacune des sciences linguistiques historiques?

* Peut-on étudier la phonétique historique et la grammaire historique

«au vif»?

* Quelles est la science linguistique qui fournit des données «vivantes

» à l’histoire de la langue française?

* Pourquoi faut-il étudier l’histoire de la langue française?

3. Quels dictionnaires historiques et étymologiques connaissez-vous?

A quoi sont-ils destinés?

II. 1. Qu’est-ce qu’un système?

* La langue est-ce un système? Prouvez-le.

2. Quelle est la différence entre la langue et la parole?

Où les changements surviennent-ils d’abord – dans la langue ou

dans la parole?

Qu’est-ce qui est plus stable – la langue ou la parole? Pourquoi?

Quel nom portent les changements qui se produisent dans la langue?

Quel nom portent les changements qui se produisent dans la parole?

3. Comment peut-on expliquer le caractère social de la langue?

* Quelle partie de la langue (phonétique, grammaire, vocabulaire)

est la plus sensible aux changements? Pourquoi?

III. 1. Qu’étudie l’histoire externe? Qu’étudie l’histoire interne?

*Peut-on se limiter à étudier les changements linguistiques sans prendre

en considération les conditions historiques dans lesquelles ils se déroulent?

2. *Donnez les équivalents linguistiques des notions générales «statique

» et «dynamique».

3. Analysez les avantages et les inconvénients de la méthode synchronique

et de la méthode diachronique.

IV. En combien de périodes toute l’évolution du français est-elle

divisée? Les tranches de périodes sont-elles incontestables?

* Prouvez que cette périodisation est conventionnelle, même contesteé

par des linguistes.

Pourquoi certains linguistes estiment-ils que le XVIe s. constitue

une étape particulière dans l’évolution du français?

* Pourquoi l’étude linguistique historique s’arrête-t-elle au XVIIIe s.?

Devoirs

1. Definissez: une méthode, une approche, un système, la langue, la

parole, les changements paradigmatiques / syntagmatiques, la synchro29

nie, la diachronie, une coupe synchronique, la phonétique, la grammaire,

le lexique, la lexicologie, la typologie, la dialectologie.

2. * Sans avoir encore appris l’histoire de la langue française, savez-

vous répondre aux questions que les sciences linguistiques historiques

se posent ? Savez-vous expliquer pourquoi la prononciation du singulier

du mot boeuf se distingue de son pluriel boeufs (de même que journal

journaux)? Pourquoi les mots de la même famille école - scolaire,

fête – festival s’écrivent-ils différemment? (voir I. 2)

3. Y a-t-il des dictionnaires historiques et étymologiques dans votre

université ? Présentez l’un de ces dictionnaires: auteur(s), édition, lieu

d’édition, date d’apparition, quantité de volume(s), de pages, informations

fournies par le(s) dictionnaire(s): ancienne prononciation, citations,

appendice phonologique ou grammatical, etc. (voir I. 3)

4. * Dans lequel de deux exemples s’agit-il du fait de la langue: «je

ne sais pas» / «[che pa]»? (voir II. 2)

5. Donnez des exemples de l’influence des événements extérieurs

sur les mutations linguistiques. (voir II. 3)

6. Etudiez les tables des matières des manuels d’histoire de la langue

française dont vous disposez et dites selon quelle approche d’études

diachroniques (A ou B) ils sont rédigés. Analysez leurs avantages et leurs

inconvénients. (voir III. 3, 4)

Les travaux dirigés

Le français dans le domaine roman

L’objectif d’étude

Etudier les caractéristiques du français dans le domaine roman

Donnez la définition des termes suivants: le synthétisme, l’analytisme,

une langue synthétique / une langue analytique, l’accent mélodique,

l’accent dynamique, l’accent oxyton, l’ordre direct des mots, le latin

populaire (vulgaire), la couche celtique (le substrat), la couche germanique

(le superstrat), un doublet étymologique

L’apprenant doit savoir

La définition des termes du cours

La différence entre une langue synthétique / une langue analytique

Les particularités phonétiques de la langue française

Les particularités morphologique de la langue française

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Les particularités syntaxiques de la langue française

Les particularités du vocabulaire français

L’apprenant doit savoir faire

Exposer les caractéristiques phonétiques du français moderne en

opposition aux autres langues romanes

Mettre en rapport les particularités linguistiques du français contemporain

et les circonstances de l’histoire externe dans lesquelles il s’est formé

Analyser les traits analytiques et les traits synthétiques d’une langue

Trouver les éléments analytiques et synhétiques dans toutes les parties

du discours du français contemporain

Dégager les caractéristiques syntaxiques du français moderne que

l’on ne trouve pas dans les autres langues romanes

Analyser les traits particuliers du vocabulaire du français contemporain

et expliquer les raisons de leur formation

Le plan

I. Les particularités phonétiques de la langue française.

II. Les particularités morphologiques de la langue française.

III. Les particularités syntaxiques de la langue française.

IV. Les particularités du vocabulaire français.

Les langues romanes constituent un groupe plus ou moins homogène

étant donné leur parenté génétique et structurale. Mais dans ce groupe

le français occupe une place à part vu ses particularités phonétiques,

grammaticales et lexicales.

En effet, le français est une langue romane qui s’est éloignée le plus

de son origine – le latin.

I. Les particularités phonétiques de la langue française.

La langue française a connu une évolution phonétique très intense

qui fait la spécificité du français par rapport aux autres langues romanes:

– une réduction importante du mot: grâce au caractère dynamique

de l’accent le mot latin a perdu ses syllabes pré- et posttoniques: gubernàculum

> gouvernàil;

– l’évolution des voyelles avec la formation de nombreuses diphotongues

(Ve – IXe ss.) qui se sont effacées aux XIIe – XIVe ss.; nous

retrouvons leurs traces dans l’orthographe française;

– la disparition des consonnes intervocaliques: le mot latin sudare

devient suer en français, mais reste sudar en espagnol.

Le système phonétique français qui est le plus riche de tous les autres

systèmes phonétiques romans comporte 15 voyelles par rapport aux 5

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voyelles latines (respectivement 7 – en italien, 7 – en espagnol, 7 – en

roumain).

Le vocalisme français connaît deux types de voyelles que l’on ne

trouve pas dans les autres langues romanes:

– les voyelles antérieures labialisées ü – ö – /. Ces voyelles possèdent

deux traits pertinents – l’antériorité et la labialisation.

– les voyelles nasales: ë, ã, õ, õ dont la pertinence fonctionnelle est

très importante.

Quant au consonantisme français, son évolution a connu une transformation

phonétique très importante: il s’agit de la palatalisation des

consonnes devant les voyelles antérieures e, i, a. Cette mutation a abouti,

à l’époque de l’ancien français, à la formation des consonnes affriquées

ts, ts, dz, dz: caelu lat. [kelu]> ciel [tsiel] AF. La palatalisation avait eu

lieu dans toutes les langues romanes. Le français a éliminé les consonnes

affriquées vers les XIe – XIIe ss., après les avoir transformées en occlusives

[t, d] et constrictives [s, z], tandis que les autres langues romanes en

ont conservé jusqu’à nos jours.

Le français se distingue des autres langues romanes par ses moyens

prosodiques, et notamment, par son accent. L’accent est dynamique dans

toutes les langues romanes (à la différence de l’accent mélodique latin),

mais en français il est toujours oxyton, c.-à-d., il frappe la dernière syllabe

du mot, et dans la chaîne parlée – la dernière syllabe du groupe rythmique.

Ainsi l’accent en français joue-t-il un rôle unificateur à un niveau

prosodique plus élevé (groupe rythmique) que dans les autres langues

romanes (mot).