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Jeunes diplômés: quand la précarité devient la norme

Nous vous proposons ici, en exclusivité, la version "longue" du "cadrage" du dossier "Jeunes diplômés: quand la précarité devient la norme", par Anne Rodier, dont la version éditée se trouve en pages 33-34 du "Monde Campus" du 29 mars 2011.

« Précarité », état de ce qui est précaire, du latin precarius -«obtenu par la prière»-, c'est une caractéristique du marché du travail que les jeunes diplômés commencent à connaître.

L'enchaînement des stages, des contrats à durée déterminée, du chômage puis à nouveau des CDD ne les épargne plus. Alexandra Helle, 29 ans, accumule les stages et les contrats à durée déterminée.

Malgré son doctorat en sciences juridiques elle n'a toujours pas stabilisé sa situation trois ans après l'obtention de son diplôme. « Quand je suis sortie de thèse en 2008, j'ai cherché un poste de maître de conférences, mais il n'y avait rien. J'ai alors décidé d'opter pour le privé et suis retournée sur les bancs de l'école faire un master en école de commerce, car les entreprises privées demandent souvent une double qualification. »

Un an d'étude plus tard, Alexandra enchaînait sept mois de stages dans différentes entreprises pour valider son diplôme. Puis, prête à repartir à la chasse à l'emploi, elle se voit proposer... des stages. « Sur les postes de juriste junior, c'était soit trois ans d'expérience, soit un stage » explique-t-elle.

LES MOINS DE 25 ANS REMERCIES

Depuis bientôt trente ans, le marché du travail est peu accueillant pour les jeunes. Derniers entrés, premiers sortis : en période de crise les moins de 25 ans sont les premiers à être «remerciés» par l'entreprise. Les politiques de l'emploi avec leurs différents « emplois jeunes » n'y ont pas changé grand-chose.

Le taux de chômage des jeunes est toujours deux fois supérieur au taux de chômage de l'ensemble de la population. Mais si jusqu'alors les jeunes diplômés étaient relativement épargnés par la précarité réservée au moins diplômés, ce n'est plus le cas.

L'accès au marché du travail n'est plus si facile. Huit mois après la sortie de l'école, le taux des jeunes diplômés en emploi est passé de 77% pour la promotion 2007 à 64% pour la promotion 2009, selon la dernière enquête « jeunes diplômés » de l'Association pour l'emploi des cadres (APEC) publiée en septembre 2010.

Et le « Panel APEC entreprise 2011» publié par l'association le 16 février indique la poursuite de cette tendance : « avec 32.920 jeunes diplômés recrutés [en CDD et CDI de un an et plus] en 2010, la part des jeunes diplômés dans le recrutement des cadres était de 20% et devrait rester à ce niveau en 2011, contre 23% en 2008 », affirme Pierre Lamblin, directeur des études et recherches de l'APEC.

Le nombre de recrutements de l'ensemble des cadres s'améliore en 2010 par rapport à 2009, mais cette éclaircie profite encore peu aux jeunes diplômés. « Ils n'ont pas récupéré le niveau de recrutement d'avant la crise, souligne-t-il.

L'embouteillage des promotions de 2008 à 2010 a accentué la concurrence. Avec la crise, les entreprises ont donné la priorité à l'opérationnel et à l'immédiateté. Depuis deux ans, on observe une appétence forte des employeurs à l'égard des très expérimentés ayant moins cinq ans d'expérience», affirme-t-il.

PRETEXTE POUR NE PAS PAYER LES DEBUTANTS

Pour Alexandra Helle, la prime à l'expérience est un prétexte pour ne pas payer les débutants. L'indemnisation des stages (417,09 euros) n'est obligatoire que pour les stages de deux mois et plus. « Le stage sans cotisation retraite ni autres cotisations sociales est devenu l'accès usuel. Dans la tête des employeurs, le junior est d'abord un stagiaire », explique-t-elle.

Elle en donne pour preuve que « l'expérience obtenue par le stage de fin d'étude n'est pas prise en compte par les employeurs». Alors même que « la réalisation d'un stage durant les études supérieures se généralise », indique l'Observatoire nationale de la vie étudiante dans sa 6e enquête «Conditions de vie des étudiants» réalisée au printemps 2010 et publiée en janvier 2011.

En effet, 70% des étudiants de master déclarent au moins une période de stage pendant l'année universitaire 2009-2010, 86% indiquant qu'il s'agit d'un stage obligatoire.

Pierre Lamblin confirme cette expérience acquise en cours d'étude : «un peu plus de 9 jeunes diplômés (de niveau bac+4 et plus) sur 10 effectue au moins un stage durant son cursus d'enseignement supérieur et 6 sur 10 en réalise au moins trois».

Une fois passé le cap du stage, le jeune diplômé n'a pourtant pas fini sa période de « bizutage social», selon le mot du secrétaire général de la CFDT François Chérèque, car le CDD s'impose de plus en plus dans toutes les filières.

La part des jeunes diplômés du supérieur en emploi temporaire, entre 1 et 4 ans après la sortie de leur formation initiale, avait doublé entre 1985 et les années 2000, de quelques 12% à près de 25%, et il n'a pas diminué depuis, indique le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE), dans son «Diagnostic sur l'emploi des jeunes» publié le 10 février.

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