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Les antonymes

§ 98. Généralités. Les antonymes sont des vocables à sens opposé qui expriment des notions contraires. Les contraires forment toujours une sorte d'unité : les choses qui n'ont rien de commun entre elles ne peuvent pas être contraires : par exemple : pierre et livre, lampe et pain, etc . qui expriment des notions incompatibles, ne sont pas des antonymes, mais des mots à différents contenus sémantiques. Par contre, bon et mauvais, tou­jours et jamais, force et faiblesse sont des antonymes car ils expriment des notions contraires, le contraire étant l'opposition entre deux choses homogènes. L'antonymie est un phénomène psycholinguistique : les oppo­sitions antonymiques ne reflètent pas nécessairement les oppositions réel­les entre les choses, mais les oppositions qui constituent des images que nous formons du monde réel. Par exemple, le blanc et le noir sont perçus par notre esprit comme des contraires, tandis que le rouge et le violet ne le sont pas. quoique du point de vue scientifique ils représentent bien les points opposés du spectre (l'infra-rouge et l'ultra-violet). Grâce à cette particula­rité des oppositions psycholinguistiques apparaît le phénomène de l ' a n ­ t o n y m e o c c a s i o n n e l l e.

§ 99. Les types d'opposition antonymique. Les oppositions entre deux choses homogènes peuvent être de différente nature ; de là - les différents types d'antonymes.

1. Le type d'antonymes le plus répandu repose sur des oppositions graduelles, qualitatives ou quantitatives, qui présupposent aussi un point neutre : les opposés s'éloignent également de ce point central ; l'absence de l'un n'implique pas l'existence de l'autre Dans ces cas on est en pré­sence d'une valeur négative opposée à une valeur positive de même in­tensité, et l'inverse :

long — court amour - haine

froid — chaud ami — ennemi

grand — petit défendre - attaquer

Les antonymes de ce type peuvent être comparés à un objet et son reflet dans un miroir : la surface du miroir occupe une position intermédiai­re, l'objet et son reflet en sont également éloignés en sens inverse.

On peut occuper ce point intermédiaire et n'être, par exemple, ni l'ami, ni l'ennemi de qn : ni défendre ni attaquer qn. L'absence de l'amour n'est pas la haine tandis que. par exemple, l'absence de mouvement est l'immobilité, l’opposé de la guerre est la paix et vice versa.

Les contraires de ce type peuvent avoir des degrés d'intensité diffé­rents qui les éloignent du centre dans des directions opposées :

minuscule petit / grand colossal

magnifique beau / laid horrible

ami partisan / adversaire ennemi

haine antipathie / sympathie amour

humilié humble modeste / fier hautain arrogant

poltron lâche craintif / brave audacieux intrépide

L'antonymie apparaît parfois même dans les oppositions des mots signifiant des objets. Mais ces oppositions impliquent l'idée d'une qualité ou d'une quantité : de grandeur ou de petitesse, de force ou de faiblesse, de bon ou de mauvais.

Le mot rosse est le contraire du mot coursier car il y a opposition d'un mauvais cheval et d'un bon cheval. Le mot chaumière (« logis misé­rable ») peut être considéré comme l'antonyme de palais (« logis somp­tueux »). Cette opposition apparaît nettement dans l'appel : Paix aux chaumières, guerre aux palais !

L'emploi antonymique des mots désignant des objets est surtout fré­quent dans le style allégorique : les objets ou les animaux petits et faibles impliquent l'idée de faiblesse, les grands objets, de même que les grands animaux supposent la force (cf. : le loup et l'agneau, la montagne et la souris, le roseau et le chêne, etc.)

Conformément à la logique ces cas ne représentent pas des contraires, leur statut d'antonymes est d'ordre psychologique et dû à la convention.

Les dénominations des notions sociales, des groupes antagonistes de la société humaine, qui s'opposent l'une à l'autre pendant des siècles, peuvent être perçues comme étant des antonymes : riche — pauvre ; aristocrate — plébéien ; oppresseur - opprimé, etc. Ce domaine du lexique rend particulièrement évidente la fluidité de ce type d'antonymie . des vocables qui étaient jadis antonymes cessent de l'être : d'autres, qui ne l'étaient jamais, le deviennent ainsi, à l'époque de la Révolution fran­çaise le néologisme sans-culotte s'opposait à aristocrate ; pendant la guerre civile en Russie les termes politiques les blancs et les rouges étaient des antonymes. À la suite des événements de la deuxième guerre mondiale en France les termes politiques collaboration et résistance sont devenus des antonymes.

Les changements historiques reflétés par l'antonymie peuvent être illustrés par le mot bourgeois : au Moyen Age ce mot avait pour antony­mes, d'une part, manant, vilain, serf, d'autre part, féodal, seigneur : au XVIIe siècle son antonyme était gentilhomme, au XIXe et XXeouvrier, prolétaire.

2. Un grand nombre d'antonymes sont liés à des notions spatiales : ils désignent ce qui est dirigé en sens inverse, ce qui occupe les points oppo­sés dans l'espace :

la droite -- la gauche

le sud — le nord

l'ouest — l'est

à l'intérieur — à l'extérieur

le haut — le bas

au sommet de — au pied de

Les nombreux mots qui indiquent le déplacement dans des directions opposées sont également des antonymes :

entrer — sortir

descendre — monter

s'approcher — s'éloigner

venir — partir

Les antonymes de ce type se distinguent des précédents en ce que les deux opposés impliquent la notion d'un point intermédiaire immobile, qui est le centre du déplacement dans des directions contraires. Ces anto­nymes sont appelés vectoriels.

3. On considère comme antonymes les vocables qui expriment des notions excluant l'une l'autre, qui ne peuvent exister simultanément. L'exis­tence de l'une rend impossible l'existence de l'autre ; ces antonymes sont appelés complémentaires. Tels sont :

présence — absence

guerre — paix

mouvement — immobilité

l'être — le néant (cf. : « L'Être et le Néant » de J.-P. Sartre).

4. On traite parfois d'antonymes des vocables dont le sens repose sur un rapport de réciprocité. Ce rapport décrit la même situation vécue pa des partenaires différents. Ainsi il y a réciprocité dans les actes tels que donner et prendre :

Jean a donné un livre à Pierre. - Pierre a pris un livre à Jean.

La réciprocité est typique des rapports de parenté :

Jean est le mari d'Hélène. - Hélène est la femme de Jean.

II en est de même de frère et sœur, de parents et enfants, etc.

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