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2. Consonantisme

a. Caractéristique générale

§ 57. Les traits essentiels du consonantisme français sont les suivants :

1. La plupart des consonnes sont formées dans la partie antérieure de la bouche, 17 sur 20, et même 18 sur 20 si l'on tient compte du fait que chez certains individus la consonne [r] est une consonne prélinguale. Les deux consonnes post­linguales [k — g] sont plutôt des consonnes postlinguales avancées, ce qui les oppose aux consonnes correspondantes du russe, celles-ci étant nettement postérieures.

Légèrement nuancées en [æ], les consonnes du français tendent а être articulées en avant de la bouche, tandis qu'une grande partie des consonnes russes étant dures sont nuancées

1 Consulter les ouvrages essentiels que voici: Л. . Щерба. Ôîне­тèêа ôранцуçсêîгî яçûêа. Èнîèçдат, M., 1953, § 67—85; M. Gram-mont. Traité pratique de prononciation française. P., 1954, pp. 59—91; P. Fouché. Traité de prononciation française. P., 1956, pp. XIX— XXXVI; pp. 233—433; H. S ten. Manuel de phonétique française. K0-benhavn, 1956, ch. II—III; G. Gougenheim. Eléments de phonologie française. P., 1935, pp. 41—54; B. M al m b erg. Le système consonan-tique du français moderne. Lund, 1943.

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en [û], voyelle postérieure ; d'autres, étant mouillées, sont nuancées en [i ].

Par cette caractéristique du consonantisme, le français s'oppose également au latin, oщ le nombre des consonnes postérieures était plus grand et leur rendement plus élevé, telle, par exemple, la consonne [1] qui devait être dure dans certaines positions puisqu'elle s'est vocalisée devant con­sonne en ancien français — alba>aube. 1 Ou bien les con­sonnes [k] et [g] dont l'emploi est devenu plus rare en fran­çais en raison de leur évolution devant certaines voyelles en consonnes constrictives prélinguales ou médianes, etc.

2. L'opposition phonologique «sourde-sonore» est depremière importance pour les consonnes du français : hon­te onde, vif vive, bac bague, etc. Elle se manifestedans toutes les positions : devant une voyelle, devant uneconsonne et а la fin du mot.

Ce trait du consonantisme du français moderne l'oppose nettement а celui de l'ancien français oщ les consonnes fi­nales s'assourdissaient (lone, grant) et finalement disparais­saient [43], ['grfi]. Il n'y avait donc pas de consonnes so­nores а la finale absolue du mot jusqu'au XVIe siècle. Quand la consonne sonore, par l'effet de l'amuïssement et de la chute du e final instable est devenue finale, elle n'a pas perdu pour autant son caractère sonore. Plusieurs causes semblent avoir joué. Le e final, qui tombait en style parlé, était plus ou moins souvent restitué en style soigné (une longu(é) route une longue route)... L'enchaînement des sons dans la chaîne parlée mettait aisément la consonne fi­nale au début de la syllabe, lui donnant sa qualité de con­sonne а tension croissante et l'aidant de la sorte а garder sa valeur de consonne sonore dans d'autres conditions aussi (je le trouve j'en trouve un).

Cette opposition phonologique n'affecte que les conson­nes-bruits 2, les sonantes étant toujours sonores. Elle est accompagnée d'une autre opposition « consonne forte — con­sonne douce » dont nous parlerons par la suite (voir § 58 et 98).

3. A la différence du latin, le français possède un sys­tème riche en consonnes constrictives, dont plusieurs étaient

  1. Tout en restant, de par son point d'articulation, latéral, le [1] de­vait avoir été prononcé en bas latin avec le dos de la langue relevé versle palais mou.Les grammairiens latins parlent d'ailleurs de trois manièresde réaliser la consonne 1 (Priscianus II, 29,9).

  2. Voir § 58.

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inconnues dans la langue mère [v, z, 3, J]. Ces consonnes constrictives sont apparues а différentes époques de l'histoire de la langue. Le [v] provient du [u] en hiatus en latin vul­gaire, а la même époque s intervocalique a passé а [z]. Les constrictives [3] et [J ] sont le résultat de l'évolution des affriquées de l'ancien français №3] et [tj] qui, а leur tour, doivent leur origine а la palatalisation des consonnes latines [g] et [k].

4. A la différence du russe, et aussi du latin, toutes les consonnes françaises sont dures, le français ne connaissant pas l'opposition phonologique « dure-mouillée ». Nous en avons la preuve dans la transcription des mots russes par les Français, qui marquent le caractère palatalise des con­sonnes russes en ajoutant un [j ] derrière : saliout. l

§ 58. D'après la classification acoustique, toutes les con­sonnes se divisent en bruits et en sonantes. Les conson­nes-bruits2 sont celles oщ le bruit domine : [p, b, t, d, k, g, f, v, s, z, J, 3] ; les consonnes-sonantes sont telles autres oщ le bruit s'ajoute au ton musical, et c'est le ton musical qui domine : [1, ê, m, n, p, j, ц, w].

A leur tour, les consonnes-bruits constituent deux classes de sons : a) bruits par excellence ou consonnes sourdes [p, t, k, f, s, J], et b) bruits accompagnés de ton musical ou consonnes sonores [b, d, g, v, z, 3]. Les consonnes, sourdes et sonores, du français comportent une caractéristique en plus : les consonnes sourdes sont fortes, les consonnes sono­res sont douces ce qui s'explique par la force de la colonne d'air expiré et la tension musculaire des organes (voir § 98).

C'est que, pour les sourdes, la colonne d'air parvient jusqu'а la cavité buccale avec toute sa force, alors qu'elle n'y arrive que diminuée quand on prononce les sonores, une partie de la force ayant été employée pour faire vibrer les cordes vocales. Les tracés de ta et de da 3 montrent que

1 II convient de souligner cependant que les constrictives [J — 3]sont un peu plus mouillées que les sons correspondants russes, ceux-ciétant toujours durs, mais cela au point de vue phonétique et non pasphonologique.

2 Le terme n'existe pas dans les manuels français qui répartissent lesconsonnes en deux grands groupes de sourdes et de sonores, sans tenircompte du rôle particulier des sonantes, qui les oppose aux autres conson­nes sonores. Voir: Л. . Щерба. Ôîнетèêа ôранцуçсêîгî яçûêа. Èнî-èçдат, М., § 73.

3 M. Grammont. Traité de phonétique. P., 1956, pp. 50—51 (fig.34, 35).

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l'explosion du [t] sourd (fig. 20, a) est plus forte que celle du [d] sonore (fig. 20, b).

Certaines langues possèdent deux groupes d'occlusives sourdes qui s'opposent les unes aux autres parce qu'elles sont prononcées avec une force expiratoire différente. Les prétendues sonores [b, d, g] de l'al­lemand sont des sourdes fortes au moment de l'occlusion. Par contre, les sourdes [p, t, k] sont douces et aspirées. Voilа pourquoi Maupassant transcrit les consonnes allemandes dites sonores au moyen des signes adoptés pour les consonnes sourdes et inversement :

Che fais gouper fotre moustache pour bourrer ma pipe...

Si fous ne foulez pas me rentre raison avec le bistolet, che vous tuerai... Fous n'a fez pas fou lu faire ma gomission. (« Un duel »)