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§ 7. On émet les sons au moment de l'expiration : l'air expulsé des poumons remonte vers le larynx (fig. 4, 4a, 5—1) qui termine la partie supérieure de la trachée.

Le larynx est constitué de plusieurs cartilages. Le cricoïde (fig. 4—2, 4a—2) en forme de bague est а sa base. Le chaton du

1 La phonétique descriptive et la phonétique historique sont du ressortle la phonétique concrète d'une langue donnée qui porte en russe le nomle «частная ôîнетèêа».

2 La transcription internationale du nom du phonéticien russe Щербаîst—Scerba (nous la garderons par la suite).

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Fig. 4. Le larynx [vu d'avant: 1 — thyroïde ; 2 — cricoïde ; 3 — os hyoïde ; 4 — muscle thyroïde ; 5 — apophyse musculai re ; 6 — trachée

Fig. 4a. Le larynx vu de derrière : / — thyroïde ; 2 — le chaton du cricoïde ; 3 — cornes supérieures ; 4 — cornes inférieures ; 5 — ary­ténoïdes ; 6—épiglotte ; 7—trachée

Quand les cordes vocales s'écartent et ouvrent la glotte, la colonne d'air la traverse sans produire aucun son. Les mus­cles du larynx demeurent dans cette position pendant l'articu­lation des consonnes sourdes et pendant la respiration normale.

Ш -

I

Fig.^S.^Coupe sagittale des organes phona­toires : 1 7 — larynx ; // — pharynx ; /// —

cavité buccale ; IV — fosses nasales Organes actifs de la parole : L — lèvres ; A — partie antérieure de la langue : M — partie médiane de la langue ; P — partie postérieure de la langue ; R — la racine de la langue ; U — la luette ; V — palais mou ;

F — paroi du pharynx Organes passifs de la parole : d — le bout des dents supérieures ; e — surface intérieu­re des dents ; / — alvéoles ; g — partie anté­rieure du palais dur ; h — le milieu du pa­lais ; i — partie antérieure du palais mou

Quand les cordes vocales se rapprochent, elles ferment plus ou moins la glotte. Elles sont alors très tendues et la poussée de l'air les fait vibrer. Ces vibrations des cordes vocales tendues for­ment le son qu'on appelle voix. Plus les cordes vocales sont tendues, plus fréquen­tes sont les vibrations. Ce sont les voyelles et les consonnes sonores qu'on prononce avec les cordes vocales rapprochées et ten­dues. Quand les cordes vocales sont rappro­chées, mais non ten­dues, il s'ensuit une des variétés du chu­chotement.

L'onde "sonore se transmet а distance en se propageant comme n'importe quel autre

son. Elle monte le long du tuyau du larynx et subit maintes modifications de renforce­ment ou d'étoufîement dans les cavités supraglot-t i q u e s qui se trouvent au-dessus du larynx. Ces cavités au nombre de trois servent de chambres de résonance ou de ré­sonateurs. Ce sont : le pharynx (fig. 5—II), la cavité buccale (fig. 5—III) et les fosses nasales (fig. 5—IV). A la différence des deux premiers résonateurs, les cavités des fosses nasales ont un volume fixe. Leur effet résonateur est donc toujours

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le même : ils ne font qu'ajouter une nuance nasale aux sons qui sont articulés avec le voile du palais baissé, laissant libre le passage de l'air par le nez.

Le plus grand rôle incombe а la cavité buccale, étant don­né sa faculté de changer de forme et de volume а souhait, grce aux organes actifs de la parole (fig. 5), tels que la lan­gue, les lèvres, le voile du palais, la mchoire inférieure.

Les muscles de la langue tendus et le corps de la langue massé а l'avant de la bouche, il se forme dans la bouche tan­tôt une grande cavité de résonance pour les voyelles ouvertes, tantôt deux cavités pour les voyelles fermées, une grande а l'arrière de la bouche et une petite entre la partie médiane de la langue levée vers le palais et les dents. Il s'y ajoute, pour les voyelles labiales, une troisième chambre de réso­nance, celle qui se trouve entre les dents et les lèvres avancées. Pour les voyelles postérieures fermées, la grande caisse de résonance se trouve а l'avant de la bouche du fait que la par­tie postérieure de la langue est retirée en arrière, et il se forme а l'arrière un petit résonateur.

La différenciation se fait alors au niveau horizontal, tou­tes les voyelles étant réparties en voyelles antérieures [i — y — e — 0 — s — s — æ — ce — a] et postérieures [u — î — 5 — a — а].

Le dos de la langue (sa partie médiane ou postérieure, fig. 5 — M,P) peut être tantôt abaissé, tantôt plus ou moins rap­proché du palais, ce qui assure au vocalisme français la fa­culté de distinguer quatre degrés d'aperture : [i — e — e — a] dans les voyelles antérieures et [u — î — э — a] parmi les voyelles postérieures. La différenciation se fait alors au niveau vertical : voyelles fermées, mi-fermées, mi-ouvertes, ouvertes.

Pour articuler les consonnes, les différentes parties de la langue se rapprochent plus ou moins de divers points du palais, des dents ou des alvéoles. Tantôt il y a occlusion mo­mentanée suivie d'une brusque rupture des organes, tantôt ce n'est qu'un rapprochement des organes formant une fente. Il se forme toujours un obstacle dans la cavité buccale que l'air doit franchir.

Le rôle de la pointe de la langue (latin — apex) n'est pas moins important. Lorsque la pointe est abaissée vers les al­véoles des dents inférieures, l'articulation est dite dorsale, en raison du rôle actif du dos de la langue, tantôt baissée, tantôt élevée. C'est lа l'articulation habituelle du français. La pointe de la langue élevée vers les alvéoles des dents su-

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2 Шèгаресêая H. A.

périeures, il en résulte l'articulation apicale. Telle est l'ar­ticulation des consonnes prélinguales en anglais (fig. 5a). Lorsque les lèvres sont arrondies et projetées en avant, il se forme un résonateur supplémentaire entre les dents

et les lèvres dont la résonance s'ajoute а celle de la cavité buc­cale. Il en résulte des sons labia-lisés : parmi les voyelles ce sont

. , [y — 0 — æ — ce — u — î — î —

\/ /^^*^v4 S 3] 1, parmi les consonnes il s'agit Y ( sS^S^bjJ de \\-ъ\ [ц-vil

Il importe de tenir compte du fait que le son perçu par l'oreille est enregistré dans le cerveau. La prononciation d'un son suppose, par contre, un ordre du cerveau transmis aux organes phonateurs. Nous n'en disons pas davantage Fig. 5a. Articulation des parce que la perception et la pho-consonnes prélinguales: nation relèvent de la phonétique

articulation dorsale générale et de la physiologie (de

. . .articulation apicale f, i- -j.' i 4. x>

— articulation cacuminale l activité de notre système ner­veux).

b. Acoustique des sons

§ 8. Depuis le milieu du XIXe siècle, on commence а por­ter un vif intérêt а l'acoustique des sons du langage humain, alors que la physiologie des sons a été plus ou moins bien décrite au XVIIe siècle.

Le but pratique de l'enseignement des langues demandait des notions concrètes et visibles. C'est exactement ce que fournissait la physiologie des sons qui donnait la description précise de la position des organes de la parole pendant la pho­nation. L'acoustique se servait par contre de notions plutôt abstraites et souvent subjectives en désignant le [a] antérieur par le terme [a] clair ou aigu, et le [a] postérieur par [a] sombre ou grave, etc. Ce qui expliquait fort peu de choses. Dans l'enseignement d'une langue étrangère, la caractérisa-

1 Ajoutons-y les voyelles postérieures [a] et [a] qui se prononcent de plus en plus souvent avec des lèvres légèrement arrondies.

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tion physiologique des sons occupe jusqu'а présent une place prépondérante.

Néanmoins, la physique, et notamment l'acoustique, a faitd'immenses progrès au cours du XXe siècle. Elle nous fournitla possibilité d'analyser, d'une manière effective et convain­' '

de haute précision, l'aspect

cante, а l'aide d'instruments acoustique du son (voir § 9).

examen

Fig. 6. Courbe sinusoïdale repré­sentant une vibration complète

Souvent l'analyse acoustique se combine avec physiologique en donnant des précisions nécessaires. Parfois encore l'analyse acoustique nous apporte une aide en don­nant а la phonétique la preuve de phénomènes dont les linguis­tes avaient une vague idée sans toutefois avoir pu en démontrer l'existence et la nature. Tel est le cas des voyelles nasales

dont l'origine a été maintes fois discutée. On contestait par­ticulièrement que l'apparition des voyelles nasales soit due а l'accommodation des voyelles orales а la consonne nasale qui les suivait. L'analyse spectrographique qui établit la présence des fréquences basses dans les consonnes nasales ainsi que dans les voyelles nasales, fournit un argument im­portant а l'appui de la thèse exposée ci-dessus (voir § 51).

§ 9. Tous les sons et entre autres ceux du langage humain, constituent des ondes qui se propagent dans l'air. Une onde sonore est formée par les vibrations d'un corps élastique. Dans la parole, le son est dû а la vibration des cordes vocales qui sont tendues et rapprochées. Ecartées par la poussée d'air qui vient des poumons, elles reprennent régulièrement leur posi­tion première de rapprochement. Le courant d'air est donc périodiquement interrompu, il passe а travers la glotte par poussées, ce qui crée des ondes sonores... Les sons du langage humain représentent donc les vibrations de l'air atmosphé­rique.

Pour présenter une vibration complète ou une période, on trace une courbe sinusoïde (fig. 6, a — b). La distance sur la ligne horizontale entre le début et la fin de la vibration représente la durée. La hauteur de la courbe (fig. 6, сd) donne l'amplitude sonore. Plus la poussée d'air est forte, plus grande est l'amplitude des vibrations. La première ca­ractéristique du son, son intensité (ou sa force),

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dépend de l'amplitude des vibrations. « On appelle inten­sité physique l'énergie sonore qui passe en une unité de temps а travers 1 cm2 placé perpendiculairement а la direction du mouvement de la vibration (mesurée en watts) » l. Les différences d'intensité acoustique sont calculées en décibels.2 L'intensité du son constitue la caractéristique première de l'accent de beaucoup de langues.

Fig. 7. Deux courbes sinusoïdales de différente amplitude A et

La figure 7 représente deux sons dont l'intensité est différente : le son A est plus fort que le son B. Une autre qualité du son, sa hauteur, résulte du nombre de vibrations а la seconde. Plus les vibrations sont fréquentes, plus haut est le son. La figure 7a re­présente deux sons dont la hauteur est différente: le son A est plus haut que le son B.

La hauteur du ton propre d'un résonateur dépend du volume de celui-ci et également des dimensions de son ouverture (de l'ouverture buccale, par exemple). Plus les cavités de résonance sont vastes, plus bas est le ton et inversement. Plus l'ouverture du résonateur est grande, plus haut est le ton, а condition toutefois que le volume reste le même.

Pour mesurer la hauteur du son, on emploie une unité ap­pelée « Hertz » (Hz.) équivalant а une vibration double par seconde (v.d.) ou bien а une période par seconde (p/s).

Fig. 7a. Deux courbes sinu­soïdales de différente fré­quence A et

La vibration complète ou « période » porte le nom de vi­bration double parce qu'elle comporte deux mouvements des cordes vocales, aller et retour.

Ainsi, le phonème français [i ] comporte 2500 v.d. (2500 p/s), alors que le phonème [a] en a 1300. La prédominance des

1 B. Mal mb erg. La phonétique. PUF, 1954, p. 9.

2 Pour plus de détails voir: Л. Р. Çèн дер. Îбщая ôîнетèêа. ЛГУ,Л., I960, § 75.

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fréquences hautes donne un ton aigu, alors que la prédomi­nance des fréquences basses crée un ton grave.

Parmi les consonnes contenant des fréquences hautes, il y a lieu de citer [s ] dont les fréquences sont de 8000 — 9000 p/s (v.d.).

En réalité, nous produisons toujours des sons complexes qui se composent d'un son fondamental et d'une série de sons harmoniques qui l'accompagnent (fig. 8).

/VWi/VV

Fig. 8. Courbe composée : le fondamental et les harmoniques

Quand un corps vibre, il se forme un son fondamental. Mais, comme chacune des parties du corps vibre également et а une vitesse différente de celle des vibrations du corps entier, il en résulte plusieurs fréquences différentes qui sont super­posées au son fondamental et constituent ses harmoniques.

Le nombre et la variété des harmoniques d'un son consti­tuent sa troisième caractéristique. C'est le t i m b r e du son. Les harmoniques du ton fondamental qui caractérisent le timbre du son et qui le différencient des autres sons s'ap­pellent formants.

Le timbre est modifié par les résonateurs qui renforcent certains harmoniques du ton créés dans le larynx. Le résona­teur a la faculté de renforcer ceux des harmoniques qui cor­respondent aux siens propres. Alors le son reçoit un timbre spécial qui mettra en relief le ton fondamental et celui des harmoniques qui est renforcé. Les différences de timbre for­ment la diversité des voyelles.

Les formants d'un même son peuvent éventuellement va­rier suivant les sujets parlants vu le caractère de la voix propre а chaque personne. Les formants se ressentent égale­ment du rythme de la parole. Ce qui est plus ou moins cons­tant, ce sont les zones de fréquences caractérisant tel ou tel son. D'après les zones de formants nous pouvons définir les structures acoustiques des sons. Citons а titre d'exemple les données de l'analyse spectrographique faite par J.-V. Plea-sants.1 Un même sujet a prononcé deux fois le phonème [a].

1 J.-V. Pleasant s. Etudes sur Ге muet. P., 1956, pp. 41—42.

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Le premier formant du [a]1 était de 1250 Hz., le deuxième

  • de 1900 Hz., alors que le premier formant du [a] 2 enre­gistré quelques secondes après était de 1200 Hz. et le second

  • de 2000 Hz. La zone des formants caractérisant le [a ]français est donc de 1200 а 2000.

.АЛЛА

Dans l'analyse du [a], J.-V. Pleasants prend en considé­ration deux formants. Cependant, le nombre des formantsdont il faut tenir compte pour caractériser la structure acous­tique du son n'est pas né­cessairement le même pour tousles sons ni dans toutes les espè­ces d'analyse. Ainsi, dans sonexamen des voyelles russes y eto, S. Rjevkine prétend avoirtrouvé deux formants caracté-* Î Л /1 ristiques.2 D'autres spécialistes

&4)V^V^^ et notamment ceux qui s'oc-

cupent de la formation des sons

Fig. 9. Courbes représentant synthétiques3, estiment que les

des vibrations périodiques (a) voyelles russes а, Î, у peu-

et non périodiques (b) yent êtfe définies d'après un

seul formant, tandis que pour

définir les phonèmes e, è, û, il faut tenir compte de deux formants.

Les vibrations peuvent être périodiques ou non périodiques. Sont appelées périodiques (ou régulières) celles qui se répètent а intervalles réguliers et sont plutôt d'une hau­teur constante. Elles constituent les tons musicaux. Les vi­brations а intervalles irréguliers et de hauteur inégale sont non périodiques (ou irrégulières). Ces vib'rations forment des bruits qui sont а la base de toute consonne. Nous donnons le schéma (fig. 9) des courbes d'un son musical (a) et celui des courbes d'un bruit (b), d'après A. Gribenski (« L'audition ». PUF, 1951). Voir également fig. 2.