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§ 75. Nous présentons ci-dessous le tableau des consonnes-phonèmes du français contemporain telles qu'elles sont dé­crites dans les chapitres précédents.

A l'exception du []i] toutes les consonnes du schéma, au nombre de 19, s'opposent les unes aux autres en position ini­tiale devant le [a ] : par, bar, mare, tarte, date, natte, car, ga­re, phare, vaste, sac, zazou, chatte, jatte, lac, rat, yacht, hua, ouate (notons gnaf du langage populaire).

§ 76. Les oppositions phonématiques parmi les conson­nes sont moins générales que parmi les voyelles. Elles réunis­sent les groupes de consonnes plus ou moins nombreux, lais­sant en marge plusieurs autres. Ainsi l'opposition « sourde — sonore » (srd — snr) se manifeste seulement parmi les con­sonnes-bruits, les sonantes étant sonores par excellence. Une autre opposition « orale — nasale » frappe seulement les oc­clusives, les constrictives étant toutes orales (voir tabl.).

G. Gougenheim signale d'autres oppositions dans le sys­tème consonantique du français : consonne non mouillée/con­sonne mouillée (peineIpeigné) et consonne simple/consonne géminée (intimantlintim(e}menf). La première de ces opposi­tions est limitée au cas [n — p]. Pourtant ce qui oppose le [ji] au [n] ce n'est pas а proprement dire la « mouillure », puisque la palatalisation est une articulation supplémentaire qui consiste а élargir, pour les occlusives, la zone du contact de la langue avec le palais en approchant celle-lа le plus près possible du centre de la voûte palatine. Or, pour le [ji], il y a non pas élargissement, mais déplacement du lieu d'arti­culation, modification du point d'articulation — le [ri] est une consonne médio-linguale, tandis que le [n] est une pré­linguale. L'opposition [n — ji] est donc du même type que

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COn-

. I I I I ' ' I

1 On trouve, cependant, dans les manuels une autre dénomination des phonèmes d'après deux organes d'articulation, organe passif et organe actif, par exemple—den-ti-labiales pour prélinguales, linguo-palatales pour médio- et postlinguales. Voir: A. H. P a ï а н î è ч. Ôîнетèêа ôранцуçсêîгî яçûêа. М., 1969.

2 а un foyer = ayant un point d'articulation.

а deux foyers — ayant deux points d'articulation.

3 Entre crochets se trouvent les variantes du nhonpmA r^i

consonne bilabiale i

bruits а un

foyer2 а deux foyers2

sonantes а un

foyer2

а deux foyers2 latérale

les oppositions fp/t/k], [b/d/g] . ^èмлше sonne prélinguale — consonne postlinguale.

Quant а l'opposition «consonne simple/consonne gémi­née », qui se manifeste dans certains cas spéciaux а l'intérieur du mot et dans la phrase, elle ne se fait pas sur le même plan que les oppositions analysées plus haut ; c'est qu'elle oppose non pas un phonème а un autre comme les oppositions [t — d ] [a — d], etc., mais un phonème а un groupe de deux phonè­mes, appelé phonème double а cause du caractère identique des deux sons. Cette opposition relève des relations qui exis­tent entre un phonème et deux phonèmes, par exemple (а l'intérieur du mot) : caler calmer, parer parler, atti­tude altitude, (dans la phrase) : y fit — // fit, il part avec lui il part seul, etc.

1 La mouillure c'est ce qui se trouve а la base de l'opposition des phonèmes russes [n — n'] : êîнêîнь. Le point d'articulation et le fonc­tionnement de la consonne prélinguale russe [n'J étant différents de ceux de la consonne médio-linguale française, elles constituent deux phonèmes différents (voir fig. 21),

Chapitre IV

Base articulatoire1

§ 77. Le terme « base articulatoire », que les phonéti­ciens français n'utilisent d'ailleurs pas2, désigne l'ensem­ble des habitudes articulatoires contractées par un peuple au cours de son évolution. C'est l'ensemble des habitudes innées et acquises dans le fonctionnement des organes de la parole. Bien que les organes phonateurs soient les mêmes chez les représentants de différents peuples, il y a entre les différentes langues une divergence notable de leur fonction­nement.

Ce qui varie d'une langue а une autre c'est d'abord le ca­ractère et le degré de la tension musculaire des organes de la parole, et ensuite leur action réciproque. Ainsi, le trait le plus typique de la prononciation française c'est le carac­tère tendu de son articulation, qui confère aux sons fran­çais une netteté particulière. Pour le russe, on observe par contre une faible tension des organes de la parole.

Pour ce qui est de l'action réciproque des organes phona­teurs, les langues utilisent des combinaisons différentes, cha­cune des langues ayant ses propres préférences. Par exem­ple, la labialisation. En russe, elle s'ajoute а l'articulation postérieure, l'arrondissement et la projection des lèvres se combinant avec le recul de la partie postérieure de la langue. Parmi les voyelles russes, il n'y a que les voyelles postérieu­res qui puissent être labialisées. Or, dans le français, on com­bine la labialisation avec l'articulation antérieure aussi bien qu'avec l'articulation postérieure ce qui donne des voyelles antérieures arrondies [y — 0 — æ — æ ].

Il y a autre chose également. Deux langues que l'on com­pare possèdent souvent un même phonème, par exemple [f ]. Cependant le jeu des organes phonateurs est sensiblement dif­férent en français et en russe. Pour le [J ] français, les lèvres

1 Consulter les ouvrages suivants: Л. . Щерба. Ôîнетèêа ôран­цуçсêîгî яçûêа. Èнîèçдат. M., 1953, § 86; L. R ou de t. Eléments dephonétique générale. P., 1910, §24; B. Malm b erg. La phonétique.Que sais-je? PUF, 1954, pp. 85 — 87.

2 II n'y a que L. Roudet qui emploie le terme «base d'articulation».(«Eléments de phonétique générale». P,, 1910, p. 37),

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sont très avancées et arrondies et la partie postérieure de la langue est relevée vers le palais en avant par rapport а l'articulation russe. La consonne française [J] est un peu plus mouillée que le son correspondant du russe.

Toute langue a donc sa base articulatoire qui lui est pro­pre et qui se manifeste d'une façon plus ou moins évidente toutes les fois qu'on parle une langue étrangère. Ainsi, la mouillure des consonnes n'étant pas dans les habitudes arti-culatoires des Français, ils font sonner [j ] après la conson­ne qui est mouillée en russe : деушêа ['djevujkal, любèт rijubit], etc. Il leur paraît donc difficile de saisir la diffé­rence entre des mots tels que лёд et льёт, Êîля et êîлья, etc.

La base articulatoire subit des modifications parfois très accusées au cours de l'évolution d'une langue. Ainsi, l'ancien français connaissait une tension musculaire assez faible et un certain relchement dans la prononciation ce qui contri­buait а la compénétration des articulations : la détente du premier son et la tension du son suivant se confondaient fa­cilement. Les voyelles se diphtonguaient, les consonnes for­maient des affriquées.