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4_verites_de_Dieu.doc
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La loi religieuse a-t-elle vocation à remplacer les lois républicaines ?

Mgr J.-P. R. - Non, surtout pas. Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l'Eglise sont indépendantes l'une de l'autre et autonomes. Mais cette indépendance et cette autonomie n'empêchent pas une saine coopération pour le bien de tous.

Pasteur J.-A. de C. - La République, laïque, offre l'espace pour que croyants et non-croyants puissent vivre ensemble. Ce sont les lois de la République seules qui peuvent régir cet espace public. Les lois religieuses ne peuvent régir que l'espace privé dès lors qu'elles ne viennent pas troubler l'ordre public.

Grand rabbin J. S. - Non, bien au contraire ! D'ailleurs, dès le premier exil au VII siècle avant l'ère vulgaire, le pro­phète Jérémie recommandait aux premiers exilés juifs de prier pour l'Etat dans lequel ils se trouvaient, et de contribuer à sa prospérité.

Recteur D. B. - Non. Les lois républicaines doivent régir la vie exotérique, tandis que les lois religieuses sont destinées à baliser le cheminement spirituel de l'homme. Ma conception de la laïcité est forte au point que j'aimerais que beaucoup de pays musulmans respectent cette séparation.

Quand on évoque des conflits de civilisation, ne s'agit-il pas en fait de guerres de religion ?

Mgr J.-P. R. -J'aurais envie de dire l'inverse. Ce qu'on appelle guerres de religion cache souvent des conflits politiques, sociaux et culturels qui utilisent le religieux pour absolutiser certaines causes. Les responsables religieux doivent être très attentifs aujourd'hui à ne pas laisser la religion être ainsi instrumentalisée.

Pasteur J.-A. de C. - II n'y a pas de conflits de civilisation ! Il y a des conflits de pouvoir ou d'intérêts, des conflits à fondements sociaux ou économiques… instrumentalisant souvent des dimensions religieuses, malgré le déni de bien des responsables religieux.

Grand rabbin J. S. - II est vrai que de nombreux conflits relèvent de manifestations modernes des guerres de religion.

Recteur D. B. - En effet, on dénombre aujourd'hui dans le monde quatre-vingts conflits qui ont pour cause des mésententes religieuses. Je pense que ces conflits sont les séquelles d'une vision passéiste des religions. Aujour­d'hui, les religions doivent inciter à vivre ensemble et à cohabiter pacifiquement.

Les dogmes peuvent-ils évoluer ?

Mgr J.-P. R. - Oui, mais dans le sens d'un approfondissement. Par les dogmes, l'Eglise catholique précise aux fidèles les vérités de foi contenues dans la Révélation. Mais dans le christianisme, ces vérités ont pour but de conduire à la vérité. Celle-ci ne s'enferme pas dans une formule, mais elle désigne quelqu'un, Dieu lui-même. En ce sens, personne ne possède la vérité, elle est l'objet d'une recherche incessante. La réflexion chrétienne consiste alors en cet approfondissement de la connaissance de la vérité révélée par Dieu.

Pasteur J.-A. de C. - Oui. Les dogmes, si l'on entend par là des affirmations de la foi en relation avec la culture, sont par définition appelés à évoluer. Si on parle du contenu de la foi, il est toujours à reprendre, à reformuler à la lumière des Ecritures et en fonction de la culture et du contexte historique de l'époque. Dans le protestantisme, il n'y a pas de dogme intangible.

Grand rabbin J. S. - La notion de dogme mérite d'être précisée. En effet, dans la mesure où ils définissent l'absolu qu'est D..., il va de soi qu'ils sont intangibles. D'autre part, la morale et l'éthique ne peuvent être perçues comme évolutives puisqu'elles demeurent les références de toute civilisation.

Recteur D. B. - C'est moins les dogmes qui doivent changer que l'homme qui les lit. Il doit les lire avec l'interprétation en phase avec l'époque à laquelle il vit. On ne peut pas appliquer le dogme comme à l'époque de sa promulgation.