L'euthanasie est-elle condamnable ?

Mgr J.-P. R. - Oui, pour les mêmes raisons. La vie étant un don de Dieu, il convient de la respecter de la conception jusqu'à la mort naturelle. Mais l'acharnement thérapeutique est également condamnable, car il traduit le refus de l'homme d'accepter sa condition mortelle. L'Eglise catholique est en faveur des soins palliatifs qui permettent à la fois un soulagement maximum des souffrances et un accompagnement humain des personnes en fin de vie.

Pasteur J.-A. de C. - Tuer restera toujours un mal, mais il doit être mis en balance avec des maux plus graves encore, comme une souffrance insurmontable ou une menace extrême. Le protestantisme prône l'accompagnement du malade par le corps médical, la famille et du point de vue spirituel.

Grand rabbin J. S. - L'euthanasie est une pratique condamnable puisqu'elle donne à l'homme le pouvoir de s'arroger et de disposer de la vie d'autrui.

Recteur D. B. - L'euthanasie est refusée par la doctrine de l'islam. Mais l'effort spéculatif doit être désormais saisi comme pour ce qui concerne les mariages mixtes et l'apostasie.

Peut-on être croyant et en faveur de la peine de mort ?

Mgr J.-P. R. -Toujours dans le même ordre d'idées : non. La vie et la mort n'appartiennent qu'à Dieu et nous ne pouvons jamais désespérer des autres, même des plus grands criminels.

Pasteur J.-A. de C. -Je ne le crois pas. Toute personne, même coupable aux yeux de la justice humaine, n'est pas réductible à son acte, même le plus terrible. La peine de mort nie toute espérance.

Grand rabbin J. S. - La peine de mort ne peut être envisageable que dans des cas extrêmes (par exemple celui qui met en danger la vie des autres).

Recteur D. B. - La peine de mort des hommes est de notre point de vue moins grave que le châtiment divin, mais tout être humain a un droit sacré à la vie. —

Indépendamment de leurs différences, hommes et femmes doivent-ils être traités également ?

Mgr J.-P. R. - Oui, car tous sont enfants de Dieu.

Pasteur J.-A. de C. - Sans aucun doute.

Grand rabbin J. S. - Absolument, hommes et femmes sont des êtres égaux et, à ce titre, ils doivent être traités de façon équitable.

Recteur D. B. - Hommes et femmes sont strictement égaux et le plus faible des deux est celui qui mérite le plus grand soutien.

Une femme peut-elle présider au culte ?

Mgr J.-P. R. - Dans l'Eglise catholique, seul le prêtre peut célébrer la messe. Les laïcs, hommes ou femmes, peuvent présider certaines célébrations, comme, par exemple, des réunions de prière ou des obsèques.

Pasteur J.-A. de C. - Dans l'histoire du protestantisme, pendant la période des persécutions, le « Désert », les femmes prêchaient dans les assemblées clandestines. Puis, au XIXe siècle, l'Armée du salut créa le scandale en laissant les femmes prêcher dans la rue et présider les cultes. Pour ce qui concerne l'accès au ministère pastoral, il faut attendre 1930 pour l'Eglise réformée d'Alsace-Moselle, puis 1966 pour l'Eglise réformée de France, deux Eglises de tradition calvi­niste. Les Eglises luthériennes les ont rejointes après 1968, et plus récemment bien des Eglises évangéliques.

Grand rabbin J. S. - La femme étant dispensée de participer aux offices religieux en public, elle est par là même dispensée de la possibilité de présider un culte. Seule l'obligation crée la fonction. Cette démarche s'inscrit dans l'échelle des priorités de la femme juive.

Recteur D. B. -J'ai entendu des religieuses remarquables dans différentes religions. Je pense que les religions doivent désormais tenir compte de l'évolution des rapports entre hommes et femmes. Comme toutes les religions, l'islam ne pourra échapper à cette évolution dans le dogmatiquement possible.