Une ceinture de glace
En effet, les anneaux ne peuvent pas — pour des raisons mathématiques — être formés d’une matière continue. Chaque anneau est constitué d’un nombre incalculable de petits satellites qui orbitent autour de la planète, à raison de 20 km/s pour la partie interne et 16 km/s pour la partie la plus externe. Il en résulte que le bord intérieur prend un tour d’avance sur le bord extérieur chaque dix heures.
Autre conséquence des lois de la mécanique céleste : l’existence d’une limite, dite de Roche, du nom de l’astronome français qui l’a calculée. Elle établit qu’un satellite de même densité que la planète centrale ne peut graviter une distance inférieure à 2,44 rayons de cette planète, sans être réduit en morceaux par les efforts internes dus à de marée. Or le bord extérieur de l’anneau le plus l’effet éloigné n’est qu’ à 2,33 rayons de Saturne. Conclusion évidente : ou bien les anneaux sont faits de vestiges d’un satellite qui a franchi la limite de Roche, ou bien ils proviennent d’une formation qui n’a jamais pu se constituer en satellite au moment de la genèse planétaire.
Les mesures effectuées grâce au radar viennent d’apporter un élément nouveau. Le pouvoir réfléchissant des anneaux sur les ondes électromagnétiques de 12,4 cm de longueur n’est explicable que s’ils sont constitués par des blocs de glace ou d’ammoniac congelés de 20 à 30 m de diamètre. Jusqu’a présent on croyait les anneaux de Saturne faits de poussière. On devra désormais réviser ce jugement.