2. L’art abstrait.

L’art abstrait postule qu’un trait, un contour quelconque, une quelconque tache ou surface colorée, se suffisent à eux-mêmes, indépendamment de toute référence, même allusive, à la figure humaine, comme à toute espèce d’être ou d’objet appartenant au règne de la nature ou produit par l’industrie humaine. Historiquement, l’apparition des premières œuvres plastiques réellement abstraites précède immédiatement la guerre de 1914: Kandinsky s’aventure dans ce domaine dès la fin de 1911, Delaunay, en 1912, Larionov et Kupka vers 1913. Après avoir traversé une riche période cubiste Malevich crée en 1915 le suprématisme. Tous ont été plus ou moins marqués par les mouvements artistiques qui se sont succédés depuis l’impressionnisme et surtout par le cubisme. Très schématiquement, on peut dire que, où le cubisme «construisait » géomériquement une figure, un paysage ou une nature morte, le suprématisme d’un Malevich ne « construit » rien que lui-même. L’ « orphisme »  , le «rayonnisme », la « nouvelle plastique », l’abstractionnisme bien que fort bien différents les uns des autres procèdent également d’une volonté commune à ces artistes de ruiner dans son principe même l’art d’imitation et de fonder un nouvel art sur un nouveau principe, absolument différent de celui qui avait servi de base à toute expression plastique en Occident. À l’idée reçue qu’un tableau doit nécessairement représenter quelque chose, ils opposent l’idée qu’un tableau ne représente rien d’autre que lui-même, c’est-à-dire un certain rapport entre les éléments graphiques ou colorés déterminés, c’est-à-dire en dernière analyse un certain objet dont prototype n’existe ni dans la nature, ni dans l’industrie. L’art abstrait reflète incontestablement une crise de la civilisation, aux premiers symptômes de laquelle son apparition est d’ailleurs liée.

De tout temps, peintres et sculpteurs ont connu et utilisé le pouvoir que possèdent les lignes, les volumes, les couleurs de constituer des ensembles ordonnés, capables d’agir par eux-mêmes sur la sensibilité et la pensée. Mais ils n’estimaient pas possible de dissocier ce pouvoir d’une évocation, plus ou moins stylisée, du monde visible (à l’exception, partielle, des artistes islamiques). Ce n’est qu’à partir de 1910-1914 que certains peintres, en Occident, renoncent à la représentation. Kandinsky, le premier semble-t-il, définit un courant lyrique et romantique de l’art abstrait, projection dans un langage plastique du monde intérieur de l’artiste et de sa vision imaginaire. C’est au contraire de la construction géométrique la plus épurée que Malevitch et Mondrian trouvent le lieu de rencontre de leur sens cosmique et de leur volonté rationnelle, objective. D’autres artistes ont contribué plus épisodiquement à la naissance du nouvel art : les Français Delaunay, Léger, Picabia, le Russe Larionov, le Tchèque Kupka, etc.

Les courants européens lyrique, paysagiste, informel...

À partir de 1945, le courant géométrique (Vasarely, Jean Dewasne [né en 1921]) semble perdre du terrain à Paris avant de donner naissance, dans les années 50, à l’art cinétique. À ce moment, toutefois, le courant dominant de l’abstraction (ou «non-figuration ») est celui d’un lyrisme plus ou moins spontané ; deux tendances y sont discernables. La première procède par décantation du spectacle naturel : Vieira da Silva, Roger Bissière (1886-1964), Estève, Bazaine, Mannessier, de Staël, O.Debré, Messagier, le Canadien Riopelle, artistes qu’on a pu appeler «paysagistes abstraits ». La seconde, à laquelle la dénommination d’ «abstraction lyrique» s’applique spécialement, est celle de l’expression «gestuelle » (Hartung, Soulages...). Informels, matiéristes, tachistes, calligraphes (l’Allemand Wols, Fautrier, Dubuffet, Mathieu, Zao Wou-ki...) représentent autant de variantes.

Devoirs.

1. Répondez aux questions :

1) Qu’est-ce qui caractérise l’art abstrait ?

2) Quels en sont les représentants ?

2. Donnez les équivalents russes aux noms suivants :

Bazaine

Delaunay

Estève

Fautrier

Kupka

Léger

Mannessier

Mathieu

Messagier

De Staël

Wolls

Zao Wou-ki

3. Parlez de l’œuvre d’un peintre abstrait.