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§ 3 . D O S S I E R S P O U R R E D I G E R U N E S Y N T H E S E

« La vie privee est la premiere des libertes »

« Internet a change enormement de choses », expliqueJean-Claude Kauffraann.«C’est un nouveau monde, un nouvel univers qui s’invente, ou tout n’est pas que virtuel et a de multiples implications dans le reel. Internet reformule l’ensemble de la societe. »

Le sociologue s’eleve ainsi contre « un deficit de reflexion sur ces sujets ». « Avec le

web, le rapport a la vie privee est reformule, le rapport a l’identite est reformule. II faut reflechir quelle societe est en train de s’inventer », avance-t-il.

De son cote, le directeur des affaires publiques de Microsoft reclame « un Internet responsable fait de libertes, et la vie privee est la premiere des libertes ».

Le Nouvel Observateur

D O C U M E N T 3

FACEBOOK ET VIE P R IV E E , FACE A FACE

Facebook, et plus largement les reseaux sociaux sur internet, sont source de nouveaux enjeux en terme de protection de la vie privee. Ils offrent des services innovants, et generalement gratuits, souvent en contrepartie d’une utilisation commerciale de vos donnees personnelles. Une fois en ligne, les informations vous concernant sont plus ou moins large­ ment diffusees, indexees et analysees. La vigi­ lance s’impose.

La CNIL se doit de rencontrer et conseiller les professionnels et plus particulierement ceux qui developpent des technologies innovantes impliquant le traitement de donnees personnelles. A ce titre, des representants de la CNIL ont rencontre a 1’automne dernier des representants de Facebook afin d’evaluer les risques qu’un tel service peut comporter au regard de la protection des donnees.

Recemment, la CNIL a adresse un courrier a Facebook afin d’obtenir des complements d’informations sur les fichiers mis en oeuvre. II est ainsi demande des precisions sur les durees de conservations des:

donnees personnelles des membres de Facebook;

adresses IP traitees;

adresses de courrier electronique des personnes invitees par un membre.

De meme, la Commission a souhaite avoir

des informations sur la maniere dont Face­

book analyse les profils de ses membres afin de leur delivrer des publicites ciblees. Enfin, elle a souligne que les personnes concernees doivent etre informees de la finalite des fichiers, des destinataires des donnees et de l’existence d’un droit d’acces et de rectification.

En effet, comme l’utilisateur ne maitrise pas assez ces nouveaux outils, il apprend trop souvent a s’en servir a ses depens. Par exemple, meme quand l’outil est parametrable, la configuration par defaut favorise souvent une diffusion tres large des donnees, si bien que des informations devant rester dans la sphere privee se retrouvent souvent exposees a tous sur Internet.

L’utilisateur n’est done pas toujours conscient qu’en devoilant des donnees sur sa vie privee, ses habitudes de vie, ses loisirs, voire ses opinions politiques ou religieuses, il permet aux sites de se constituer de formidables gisements de donnees susceptibles ainsi de provoquer de multiples sollicitations commerciales.

C’est pourquoi, la CNIL rappelle aux intemautes qu’une grande vigilance s’impose concernant la nature des donnees mises en li­ gne et le choix des personnes qui pourront у acceder. En effet, la reputation de 1’internaute peut etre mise en cause, dans sa sphere privee ou professionnelle.

Lemonde.fr

C H A P I T R E V. S Y N T H E S E

DO S S I E R 5

D O C U M E N T 1

L’ECOLE N U M E R IQ U E :

DU H A U T - D E - G A M M E , S IN O N R IE N !

« Photocopier » en numerique les manuels scolaires traditionnels ne sert a rien: avec des enfants habitues aux jeux videos sophistiques, il faut que les outils de l’eco­ le numerique soient attractifs, adaptables a tous supports, interactifs.

L’ecole numerique que tout le monde souhaite s’adresse a une population d’enfants et d’adolescents sensibles a ce qui est « mode », experts en jeux videos virtuels, nes avec des outils de plus en plus mobiles. Pour avoir une chance de les toucher positivement, il faut que l’ecole numerique soit au « top niveau ».

Il est d’abord absolument necessaire de multi-vectoriser les contenus sur tous les sup­ ports classiques: evidemment l’ecran d’un PC, mais aussi les tablettes numeriques, comme 1’iPad, qui arrivent en force, et tous les tele­ phones numeriques, type iPhone. Ces outils, que les jeunes gens adorent, sont capables de performances qui vont bien au-dela des jeux « bebetes ». Il faut utiliser ces capacites a des fins educatives. II faut disposer d’un systeme qui permette d’avoir « tout en meme temps ».

[ ... ] Il est vraiment hors de propos de presenter des supports numeriques bas-de- gamme a des enfants dans le contexte de l’ecole numerique. Bien sur, il у a une incidence budgetaire : faire du haut-de-gamme est plus cher. Mais faire du bas-de-gamme coute quand meme quelque chose et ce sera un bud­ get gaspille. Cela equivaut a ne rien faire du tout, car l’enfant ne s’en servira pas.

QU’EST-CE QUE LE HAUT-DE-GAMME ?

Mettre un manuel en ligne ne sert abso­ lument a rien. Un document numerique de type PDF est moins convivial que le papier...

Ce type de « photocopie » numerique est un non-sens. Cela degrade meme l’attractivite du document. Il faut que les editeurs s’en convainquent, eux qui ont une certaine ten­ dance a faire porter au corps enseignant la

responsabilite des lenteurs et des reticences. Les enseignants sont prets et meme demandeurs, mais il faut leur offrir autre chose que des versions numeriques pauvres des manuels traditionnels.

Si c’est pour faire du bas de gamme mieux vaut rester dans le papier.

Mais qu’entend-on par haut-de-gamme ? Un peu de video, et surtout des simulations interactives et de la 3D. On peut aujourd’hui techniquement leur proposer des jeux mathematiques, des exercices de langues, sous une forme ludo-educative. Et il ne faut pas se faire d’illusions : si ce qu’on leur propose est tres loin des jeux video auxquels ils sont habitues, cela ne fonctionnera pas. [... ]

MICRO-ORDINATEURS,

CARTABLES ETTBI

Reste a regler les problemes des equipements.

Cote eleves, il faut evidemment que chaque enfant puisse acceder aux contenus et les gerer, soit a l’etude, soit a la maison. Des conseils generaux ou regionaux, comme dans le departement des Landes, ont dote les en­ fants en ordinateurs. Le cartable electronique, un logiciel qui permet a l’enfant de ranger ses elements d’apprentissage et a l’enseignant de canaliser le travail de sa classe, est une bonne chose. Cela n’est pas contradictoire avec la multi-vectorisation dont je parlais en com- mengant. Le micro-ordinateur alloue a l’eleve va garder un cote tres scolaire, mais ce dernier pourra retrouver sur son telephone mobile par exemple des petites sequences tres ludiques, comme celle sur la fonction continue. Ce sera un « plus » tres utile.

Cote enseignants, il faut que progressivement l’equipement devienne un equipement professionnel, un outil personnel. Quand les etablissements sont dotes en micro-ordina- teurs portables, ce sont generalement des

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§ 3 . D O S S I E R S P O U R R E D I G E R U N E S Y N T H E S E

ordinateurs non affectes, que les enseignants doivent reserver a l’avance. Comme c’est du libre-service, ils vont etre casses ou bugges. Je connais nombre d’enseignants qui utilisent leurs ordinateurs personnels, mais avec alors tous les risques de deterioration. Aujourd’hui les entreprises affectent assez facilement des ordinateurs a des cadres, pas forcement de la hierarchie superieure. L’ecole doit se diriger vers ce type de pratiques.

Le TBI (Tableau blanc interactif) est d’autre part un materiel avec une tres grande

puissance pedagogique. Il у a une logique a en doter les ecoles frangaises, comme Font fait deja tres largement les Britanniques.

Mais dans tous les cas aussi, il faudra resoudre le probleme complexe de la mainte­ nance technique. Comme ces equipements sont fragiles, une proportion importante est souvent en panne. Si rien n’est prevu pour resoudre ce probleme, on peut penser qu’a terme les enseignants prefereront le papier!

Marc Taib, PDG Animedia

Lemonde.fr

D O C U M E N T 2

Comment un professeur de colldge ou de lycee peut-il garder le lien avec les « digital natives » que sont maintenant tous ses eleves ? Par exemple en ouvrant un blog et en etablissant un dialogue interactif avec eux.

Une methode qui se developpe et qui renforce la relation professeur-el6ve.

Les eleves qui sont aujourd’hui au college, qui ont entre 10 et 15 ans, ont grandi avec in­ ternet. Ils sont, selon l’expression creee par Marc Prensky, des « digital natives », nes dans la culture numerique. Avec le media numerique, qui est devenu son media de reference, toute une generation s’est construit un rap­ port particulier a l’information et des nouveaux modes de socialisation. En France, de­ puis environ dix-huit mois, les jeunes passent, selon les sondages, plus de temps sur l’lnternet que devant la television, une majorite des 10-25 ans est active sur Facebook : cette evo­ lution n’a pas echappe aux profs...

Dans ce contexte, la question qui se pose au corps enseignant n’est plus « у aller ou pas ?», mais « comment en faire bon usage ?». Pour des adultes qui n’ont pas grandi dans cet univers, comment s’adapter et comment faire evoluer ses pratiques pedagogiques ? De nouvelles perspectives s’ouvrent, mais aussi des difficultes nouvelles. [... ]

RECHERCHER L’INFORMATION AILLEURS QUE SUR GOOGLE [... ]

Une des approches possibles pour le pro­ fesseur est d’utiliser un outil simple : le blog.

Cela a ete le sens de notre approche en fon­ dant lewebpedagogique.com qui accueille aujourd’hui 18.000 professeurs sur un portail et leur permet, en plus de leur travail en cours, de publier des documents et d’entrer, par un autre moyen que la presence physique, en re­ lation etroite avec leurs eleves.

Ces blogs pedagogiques fonctionnent bien car ils sont dans le prolongement naturel de la relation que le professeur a avec sa classe. Cela reste une relation entre un individu et un groupe, pas une relation entre deux individus. Le modele de la classe est universel, et c’est un modele qui ne date pas d’hier. C’est un modele abouti, c’est le coeur de la pedagogie dans le monde entier. Done il n’y a aucune raison de le changer et l’internet ne le change pas significativement.

LIENS HYPERTEXTE ET DIALOGUE

INTERACTIF

Le professeur se pose la question : qu’est ce que je peux faire qui va venir en comple­ ment de ma discipline, pas en opposition ? Le blog у repond bien.

D’abord, le blog incite a une ecriture hy- per-textuelle. On fait des liens vers des vi­

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C h a p i t r e

deos, des sites, des images. C’est une demarche tres classique. De tous temps, les professeurs ont etaye leur cours avec des docu­ ments, des cartes et des textes. Le professeur n’est pas le seul producteur mais il est aussi le passeur, celui qui connait, bien au-dela de Google, des sources multiples d’informations, qui les a triees et qui montre des docu­ ments pertinents.

Ces liens vont lui permettre de renouveler sa discipline, de la rendre plus attirante. Quand,

en langue vivante, vous prenez une bande d’annonce originale d’un fdm americain et que vous demandez aux eleves d’y mettre un commentaire, vous avez une approche tres at­ tractive, votre cours s’inscrit dans la realite.

Ensuite, le blog apporte d’autres canaux au rapport professeur-eleve. Soit qu’on leur demande, soit qu’ils le fassent volontairement, les eleves peuvent poster des commentaires, poser des questions, reagir. Les echanges dans la classe sont quelquefois complexes, intimidants. Sur le blog c’est naturel, l’eleve maitrise sa prise de parole sans la pression de ses pairs.

Il est important de noter que le professeur voit l’interactivite avec ses eleves accrue et son role renforce. C’est le professeur qui maitrise son blog. S’il у a un commentaire desobligeant, il ne le publiera pas. C’est lui qui choisit les ressources, il est maitre du choix et de la validation des documents. Il est done bien celui qui fait le tri dans le foisonnement des informations du net et le mediateur.

LE ROLE RENFORCE

DU PROFESSEUR MEDIATEUR

Comment les professeurs utilisent-ils ces blogs ? Les usages qu’on observe sont tres varies.

Le plus immediat est le blog « cahier de textes ». Voila ce qu’on a fait aujourd’hui et ce que Ton va faire demain. C’est tres simple mais

V. S y n t h e s e

cela permet d’ouvrir l’espace. Cela change en outre profondement la relation avec les pa­ rents qui peuvent savoir ou leur enfant en est dans son apprentissage.

Il у a ensuite, c’est le plus repandu, le blog qui est un complement du cours : « ce matin, je vous ai parle du general de Gaulle, allez voir la video sur le site de 1’INA ».

Et puis il у a de plus en plus de « blogs de classe », avec des journaux collaboratifs d’eleves, des exposes en ligne, etc... Le professeur met ainsi 1’eleve en position de producteur. C’est une pedagogie de projet, tres pratique en langue vivante et en frangais.

И у a aussi bien sur des demarches d’etablissements ou de centres de documentation, qui sont souvent un point federateur. Mais l’essentiel reste le blog personnel de profes­ seur, qui correspond d’ailleurs a la specificite de l’identite culturelle frangaise. Depuis Jules Ferry, il у a un principe d’autonomie du pro­ fesseur, qui, une fois qu’il a referme la porte de sa classe, est le maitre a bord. Dans le cadre des programmes fixes, il choisit ses outils, ses methodes. C’est pour cela que l’approche du blog fonctionne bien. [... ]

Vincent Olivier, fondateur du portail lewbpedagogique.com

Lemonde.fr

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§ 3 . D O S S I E R S P O U R R E D I G E R u n e S Y N T H E S E

D O C U M E N T 3

ED U C A T IO N N U M E R I Q U E : N O U S S O M M E S

AU D EBU T D ’U N E L O N G U E A VENTURE ...

Pour l’editeur de manuels scolaires, il faut a la fois avoir « la tete dans le futur » et fournir aufil des rentrees annuelles de nouveaux livres utilisables immediatement par la majorite des professeurs, quels que soient leur sensibilite au numerique et le niveau d’equipement de leur etablissement. Une quadrature du cerde.

Tous les editeurs de livres scolaires sont depuis quelques annees dans le тёш е mouvement: tout nouveau manuel a une traduction numerique multiforme. Il est generalement complete par un manuel accessible en ligne et un site que nous appelons « site compagnon » ouvert aux enseignants et souvent aux eleves. [...]

Le format numerique correspond, avant tout, au besoin de pouvoir utiliser le manuel en classe en video-projection ou via les tableaux blancs interactifs (ТВI). Le site compagnon est une reponse plus ancienne au besoin ressenti depuis toujours par les enseignants de comple­ ter le manuel par des documents et des sup­ ports de travail. Ce n’est pas du tout une revo­ lution, d’ailleurs. Nous n’avons jamais eu, avec les manuels, le monopole de la documentation pedagogique, et cela bien avant internet. [... ]

Ces contenus numeriques vont plus loin que ceux du « papier ». On voit apparaitre au fil des ans des choses qui sont beaucoup plus elaborees et interactives que la simple traduc­ tion du livre papier en document PDF que nous proposions au tout depart. Nous collaborons avec des producteurs de ressources pedagogiques animees, ou participons a des projets qui sont candidats aux ressources du grand emprunt, pour inventer un futur peda­ gogique innovant. [... ]

LA QUADRATURE DUCERCLE

Mais, pour tout un ensemble de raisons, nous restons en proximite forte avec le manuel classique.

De nouvelles applications qui seraient deconnectees du livre papier ne nous paraissent

pas encore a ce stade conformes a notre mis­ sion, ni repondre aux attentes de la majorite des enseignants. En outre, cela ne correspond pas a l’equipement de la tres grande majorite des etablissements. Autrement dit, les condi­ tions d’un changement d’ensemble ne sont pas reunies. [ ... ] Nous participons d’ailleurs a ces chantiers. Mais nous devons nous inscrire dans la continuite de notre vocation: proposer hie et nunc des outils immediatement operationnels en classe a la plus grande majorite des enseignants. Mais e’est une quadrature du cercle : avoir la tete dans le futur mais continuer a proposer des outils utilisables immediatement, le jour ou ils sont installes dans une classe.

Quelquefois, on nous reproche de ne pas aller assez vite et de ne pas nous liberer du li­ vre papier.

Mais reprocher aux editeurs de se contenter de prolonger sur un support numerique leurs manuels papiers, e’est nous reprocher de faire notre metier! C’est nous demander de devenir des visionnaires professionnels et de rompre brutalement avec des supports d’enseignement en classe patiemment mis au point depuis 150 ans et qui font tous les jours leurs preuves, sur le terrain!

Des outils elabores, qui plus est, en col­ laboration etroite avec les enseignants. Nous ne sommes pas, en tant qu’editeurs, des « deus ex-machina ». Ces manuels sont, avant tout, elabores par nos auteurs. Enseignants experimentes eux-memes, ils nous proposent des outils pedagogiques, riches mais structures, d’apprentissage. Nous les mettons en forme avec eux, et nous les proposons ensuite a leurs collegues. [... ]

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C H A P I T R E V. S Y N T H E S E

UNE PRISE DE RISQUE

DE L’ENSEIGNANT

D’autre part, nous vivons dans une societe ой le choix des outils pedagogique est laisse a chaque enseignant. Certes, les enseignants sont devenus tres grands utilisateurs du nu­ merique a titre personnel, depuis des annees. Ils utilisent tous 1’Internet, ou peu s’en faut, notamment pour preparer leurs cours. Mais cela ne resout pas la question difficile : com­ ment le numerique peut-il s’integrer dans la classe elle-meme, face aux eleves ?

Et la c’est une toute autre affaire. II faut imaginer la prise de risque pour un enseignant qui organise son cours autour du numerique : dans un college de 20 classes, il n’y a souvent que deux salles equipees. II doit done arriver avec son ordinateur personnel. II faut fermer les rideaux. Au bout de dix minutes, l’atten­

tion des eleves flechit, la discipline dans le noir est difficile, et puis soudain le bug... II у a un risque pedagogique reel, et peut-etre aussi quelques fois une prise de risque symbolique, d’autorite : souvent les eleves en savent autant ou plus en matiere informatique. II у a bien une prise de risque ressentie par l’enseignant, par rapport a des benefices pas encore bien apprehendes.

II faut laisser le temps a l’enseignant de forger ces nouvelles pratiques. Nous sommes dans les premieres etapes du developpement de l’education numerique, au debut d’une histoire longue. Au tout debut de l’aventure.

Guillaume Dervieux, directeur general des editions Magnard-Vuibert

Lemonde.fr

DO S S I E R 6

D O C U M E N T 1

LE S E R V I C E D I P L O M A T I Q U E E U R O P E E N P R E N D F OR ME

UN F R A N G A IS , UN A L L E M A N D ET UN P O L O N A IS

P O U R R A I E N T S E C O N D E R LA H AUTE

R E P R E S E N T A N T E C A T H E R IN E A S H T O N

Les contours de la nouvelle diplomatie europeenne se dessinent peu a peu. Lundi a Madrid, les 27 pays membres, la Commission et le Parlement europeens ont trouve un terrain d’entente politique pour mettre sur pied le futur Service europeen d’action exterieure (SEAE) d’ici a la fin de l’annee. Avec peut-etre un trio franco-germano-polonais aux manettes.

Apres plusieurs mois de negociations difficiles, l’accord a permis de s’entendre sur le fonctionnement et l’organisation du SEAE, notamment sur les questions de budget et de controle financier. « Au-dela des details, le point le plus important est bien qu’il у ait eu un accord », note Michael Emerson du Centre for European Policy Studies. Ainsi les cases de

l’organigramme n’ont pas encore ete remplies, meme si des noms circulent avec insistence a Bruxelles pour le poste de « secretaire general executif » et pour ses deux adjoints, qui dirigeront le service aux cotes de la haute representante Catherine Ashton (sans pouvoir toutefois la representer en cas d’absence).

Le Frangais Pierre Vimont, actuel ambassadeur de France a Washington, tiendrait toujours la corde pour le fauteuil de secretaire general. « Dans sa generation, c’est l’un des meilleurs specialistes de la chose europeenne. Au niveau sociologique, juridique, relations avec les capitales... c’est sans doute celui qui a le plus de cartes en main », note une source bien placee.

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§ 3 . D O S S I E R S P O U R R E D I G E R U N E S Y N T H E S E

Les postes d’adjoints pourraient revenir a un Polonais, l’actuel secretaire d’Etat aux Affaires europeennes, Mikolaj Dowgielewicz, et a une Allemande, Helga Schmid. Les noms pourraient etre arretes tres vite apres la reu­ nion des ministres des Affaires etrangeres du mois de juillet. Un tel trio aurait l’avantage d’inclure a la fois la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne (avec Catherine Ashton), qui disposent aujourd’hui des plus gros re­ seaux diplomatiques en Europe. II permettrait aussi, en offrant un siege a la Pologne, d’implanter l’un des pays de la derniere vague d’elargissement.

6 0 % de fo n ctio n n aire s eu rop een s

Formellement, le service sera une entite autonome, travaillant en etroite collaboration avec la Commission. C’etait l’un des points delicats a regler avec le Parlement, qui voulait

s’assurer que les Etats membres ne phagocyteraient pas la future diplomatic europeenne. Forts des nouveaux pouvoirs conferes par le traite de Lisbonne, les deputes avaient engage un bras de fer sur le dossier, notamment sur les questions de controle budgetaire.

Si le calendrier est respecte, le service pourrait etre sur pied au l er decembre, meme s’il ne sera officiellement operationnel qu’au l er janvier de l’an prochain. Lorsqu’il tournera a plein regime, avec ses quelque 135 de­ legations dans le monde, le service pourrait totaliser plus de 6 000 personnes. Les diplomates seront fournis pour un tiers par les pays membres, a titre d’agents temporaires, et pour « 60 % au moins» par des fonctionnaires per­ manents de 1’Union europeenne.

Claire Gallen

Lefigaro.fr

D O C U M E N T 2

LA D I P L O M A T I E DE L ’ UE F O R ME S E S B A T A I L L O N S

A P R E S D ES M OIS DE G U E R RE, LE P A R L E M E N T EU R O PE EN VA E N T E R IN E R J E U D I LA C R E A T IO N DU SERVICE E U R O P E E N D ’A C T IO N E X T E R IE U R E

L’Europe se dote jeudi d’un corps diplo­ matique autonome, avec l’espoir de definir un jour une politique etrangere coherente. Apres des mois de guerre de chapelles et de rivalites de drapeaux, le Parlement europeen va consacrer la naissance du Service europeen d’action exterieure par un vote unanime des grands groupes politiques.

Pour Catherine Ashton, engluee depuis huit mois par d’exasperantes querelles bruxelloises, ce sera un soulagement et un defi: elle va enfin pouvoir se hisser au-dessus de la me­ lee et porter le message de l’Europe la ou on 1’attend. « D’Ankara a Kaboul, des Balkans au Proche-Orient, le monde s’impatiente », dit

l’eurodepute Amaud Danjean, president frangais de la sous-commission Securite et Defen­ se au Parlement.

Un vieux reve

Pour les Vingt-Sept, qui ont souvent dissous leurs divergences dans une critique acerbe de la baronne britannique, c’est 1’occasion de serrer les coudes et de concretiser un vieux reve. C’est aussi le moment de garnir les rangs d’un service qui doit compter jusqu’a 6 000 diplomates, experts civils et militaires. Us restaient disperses entre la Commission europeenne, le Conseil et bien sur les capitales nationales.

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C H A P I T R E V. S Y N T H E S E

Catherine Ashton a fixe l’ordre de mission jeudi, a la tribune du Parlement europeen : « Ma vision du SAE est celle d’une Europe qui est ecoutee lorsqu’elle parle et qui fait la diffe­ rence quand elle s’engage (...) Pour faire face aux Etats deficients, aux pandemies, a l’insecurite energetique, au changement climatique ou a l’immigration clandestine, nous sommes plus credibles ensemble. »

Etoffer la structure

Le vote de jeudi permet d’abord d’embaucher. Le haut representant pour les Affaires etrangeres, creature du traite de Lisbonne, se contente depuis huit mois d’un etat-major squelettique. Du sommet jusqu’a la base, Ca­ therine Ashton va progressivement etoffer la structure. Avec comme bras droit un secretaire general executif frangais, en la personne de Pierre Vimont, ambassadeur aux Etats-Unis depuis 2007.

« Paris Га confirme et la reception du 14 Juillet sera la derniere grande sortie de l’ambassadeur Vimont a Washington », precise une source bien placee. Il sera epaule par deux adjoints : l’Allemande Helga Schmid, ancienne de l’equipe Solana, et le Polonais Mikolaj Dowgielewicz, actuel ministre des Affaires europeennes.

Entre « anciens » issus de la Commission, et « nouveaux » fraichem ent mis a disposition par les capitales. E ntre les envoyes d’une Eu­ rope recemment elargie a l’Est et ceux issus des piliers de l’UE que sont le Quai d’Orsay, l’Auswartiges Amt ou le Foreign Office. Poste majeur et le plus en vue, la mission de Pekin sera attribuee a un diplomate allemand de haut rang, ce qui doit reduire la these d’« une OPA franco-britannique » propagee par des elus germaniques.

Une trentaine de fauteuils d'am bassadeurs a pourvoir

En cascade, lady Ashton veut verrouiller les nominations a venir et placer ses pions. L’objectif est de faire toumer le SAE dans ses murs au plus tard le l er janvier. Cela suppose encore un demenagement vers un siege qui puisse a la fois accueillir les grands de ce monde et garantir la securite d’une vraie centrale de renseignements.

Au-dela du quartier general, il s’agit aussi de renouveler les 136 « delegations » de l’UE, desormais promues au rang d’ambassade. Une trentaine de fauteuils d’ambassadeurs sont a pourvoir a la rentree, avec un savant dosage.

Le vote du Parlement vient sanctionner un compromis scelle il у a deux semaines avec la Commission europeenne et le Conseil, oil siegent les gouvernements. Les eurodeputes controleront comme ils le souhaitaient le bud­ get de Catherine Ashton. Mais ils n’auront pas de droit de regard et encore moins de veto sur les operations de defense et de securite. C’est la chasse gardee du Conseil.

Jean-Jacques Mevel

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C O U R S E C O N T R E LA M O N T R E P O U R LA D I P L O M A T I E E U R O P E E N N E

LES VING T -SEPT VEULENT D O N N ER UNE

« IM PU LSIO N DECISIVE » AU SERVICE D ’ACTION EXTERIEURE AVANT LES ELECTIONS BRITANNIQUES

Entre les faiblesses de l’euro, les retombees du volcan islandais et des elections britanniques qui pourraient obscurcir encore le ta­ bleau, l’Europe tente de prouver qu’elle existe. Les Vingt-Sept veulent donner une « impul­ sion politique decisive » au chantier d’une po­ litique etrangere commune, promesse la plus ambitieuse de l’Europe nouvelle formule.

La construction du Service europeen d’action exterieure (SEAE) —confie a la Britannique Catherine Ashton —debute sans surprise par un exercice bureaucratique, avec l’espoir que les Europeens finiront par identifier des interets partages et surtout les moyens d’y parvenir. En attendant, cinq mois apres 1’ultime ratification du traite de Lisbonne, la mise en commun de 6 000 diplomates, fonctionnaires et militaires, qui reste sur la rampe de lancement.

Le calendrier s’annonce peu favorable. Le Parlement europeen, fier de ses nouveaux pouvoirs, denonce les plans de Catherine Ashton de la droite a la gauche et menace d’employer « tous les moyens » pour empecher les Etats de se reapproprier seuls une mission europeenne. Cette guerre de retardement pourrait conduire aux vacances d’ete. C’est-a-dire jusqu’a une presidence beige de l’UE deja menacee par le regain de fievre entre Flamands et Wallons.

Dans l’immediat, ce sont les elections britanniques et un probable changement d’attelage au 10 Downing Street qui reduisent dangereusement la fenetre de tir. Les partisans d’une Europe plus soudee s’attendent a un mauvais coup si le conservateur David Came­ ron et ses allies eurosceptiques l’emportent au soir du 6 mai. Quel que soit le vainqueur, le Royaume-Uni aura sans doute d’autres priorites que 1’UE d’ici a l’ete. « C’est simple : il

faut avancer maintenant, sinon да va deraper jusqu’apres la rentree », avertit un proche de Catherine Ashton.

Une invitation a diner

C’est precisement la tache que se sont donnee les 27 ministres des Affaires etrangeres aujourd’hui a Luxembourg. Compte tenu de l’urgence et de l’enjeu, les capitales ont mis une sourdine aux critiques souvent mesquines dont elles avaient fait suivre la nomination de la baronne britannique. Elle-meme a fait dimanche soir un geste en direction des minis­ tres de la Defense, apres les avoir boudes : une invitation a diner.

Face aux ambitions du Parlement, dit-on de source frangaise, le but « est d’arriver le plus vite possible » a un accord politique entre le Conseil, organe politique des Vingt-Sept, la Commission et la haute representante. L’entourage de Catherine Ashton s’en rejouit: « Cette fois, les Etats membres sont avec nous. »

Autour de la table, la discussion portera sur la structure et le mode de fonctionnement SEAE. La Commission et le Conseil ont demine le terrain en dressant une liste quasi definitive des services que l’une et l’autre verseront a la nouvelle administration. Catherine Ashton, de son cote, veut eviter la zizanie au sommet de l’organigramme. Entre un secretai­ re general unique (qui serait son lieutenant) et une direction plus collegiale, elle se reserve de decider seule et plus tard. Dans tous les cas, Pierre Vimont, actuel ambassadeur de France a Washington, semble bien place pour etre la cheville ouvriere.

Jean-Jacques Mevel

Lefigaro.fr

C H A P I T R E V. S Y N T H E S E

D O C U M E N T 4

UN F R A N C A IS N UM ER O DEUX

DE LA D IP L O M A T IE E U R O P E E N N E

Avec lanomination de Pierre Vimont,jusqu’ici ambassadeura Washington, Catherine Ashtonveut mieux s’imposerface aux mastodontes de l’UE.

De notre envoye special au Luxembourg

Onze mois apres s’etre donne le visage de la baronne britannique Catherine Ash­ ton, la diplomatie europeenne se muscle avec un etat-major. Le Francais Pierre Vimont, jusqu’ici ambassadeur a Washington, et l’lrlandais David O’Sullivan, veteran des equipes bruxelloises, ont rejoint lundi le Service d’action exterieure (SAE) pour donner corps a une politique etrangere europeenne. Diplomates chevronnes, les deux hommes viendront epauler une Haute-representante qui, faute d’experience et de moyens, peine a s’imposer face aux mastodontes de l’UE. Le choix de ce tandem dirigeant ressemble lui-meme a un compromis. Avec l’ambassadeur francais, Lady Ash­ ton veut apprivoiser de grands Etats jaloux de leurs prerogatives en politique etrangere. Avec le secretaire general O’Sullivan, elle courtise une Commission europeenne peu pressee de renoncer a ses competences de relations exterieures. « Nous sommes complementaires », lachait lundi Pierre Vimont dans un clin d’oeil.

« Secretaire general executif »

Promu « secretaire general executif », un titre soigneusement pese, le diplomate frangais sera de facto le bras droit de Catherine Ashton. Ses competences restent a preciser, mais c’est a lui que reviendra la tache de gerer le SAE au quotidien. En position centrale, il aura la haute-main sur les directions generates, l’etatmajor europeen, le renseignement collecte par le Centre de situation (SitCen) ou encore le contact avec les autres institutions de l’UE.

Pierre Vimont connait bien la boutique. En trente ans de carriere, il a fait deux sejours a Bruxelles, le dernier comme ambassadeur de France aupres de l’UE, de 1999 a 2002. Il a egalement ete en poste a Londres. Ses interlocuteurs europeens le decrivent a Poppose d’un

cliche bien ancre : celui de l’arrogance de la diplomatie frangaise.

Depasser les difficultes institutionnelles

David O’Sullivan, nomme « directeur gene­ ral administratif » du SAE, aura une responsabilite d’organisation. A commencer par la mise en musique d’un orchestre de 135 ambassades et 3.700 diplomates de tous horizons. La tache s’annonce compliquee. Il s’agit, dit-il, de « faire jouer dans un meme ensemble » des profession­ a ls restes cloisonnes entre les Etats membres, le Conseil europeen et la commission Barroso.

Jusqu’ici directeur general charge du commerce, l’lrlandais est repute comme etant proche de Catherine Ashton. Elle Га connu lorsqu’elle etait elle-meme commissaire. Da­ vid O’Sullivan a commence sa carriere au minist&re des Affaires etrangeres a Dublin, avant de rejoindre Bruxelles. Il у a ete, entre autres, directeur du cabinet de Romano Prodi, alors president de la commission europeenne.

Pour completer le sommet de 1’edifice, Ca­ therine Ashton devrait encore nommer une Allemande, Helga Schmid, et un Polonais, Maciej Popowski, aux postes de secretaires generaux adjoints.

Reste l’essentiel. Il a fallu dix ans voues a faire adopter ce qui est devenu le traite de Lisbonne, et encore pres d’un an pour negocier la place de Catherine Ashton au sein des institutions bruxelloises. Il lui faut maintenant concretiser l’ambition et demontrer qu’une ou des politiques etrangeres europeennes sont possibles : « Nous ne pouvons plus nous focaliser sur les difficultes institutionnelles et administratives, avertit Pierre Vimont. Main­ tenant, il у a urgence a prouver que les choses sont vraiment differentes.»

Jean-Jacques Mevel

Lefigaro.fr

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