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§ 2 . C O N N E C T E U R S

a cet effet, a cette fin ;

but (m), dessein (m), fin (f), objet (m), objectif (m), propos (m), intention (f), visee (f);

les verbes de volonte demander, exiger, chercher, tenter, etc.

E X E R C I C E 17. Trouvez les expressions de but.

1. Cet ouvrage, destine aux etudiants de niveau superieur, s’adresse egalement a tous ceux qui souhaitent perfectionner leurs connaissances pratiques de la langue frangaise.

Pour aider I’etudiant soucieux d’acquerir la maTtrise de la phrase complexe, une place importante a ete accordee aux exercices de substitution et de transformation.

La terminologie grammaticale se veut la plus simple possible afin de rendre le manuel accessible a tous.

Ce manuel a pour objectif d’essayer de combler les lacunes et de remedier aux maladresses les plus frequentes de nos etudiants.

2. Nous ne cherchons d’aucune fagon a vous imposer notre volonte. Notre but est de vous faire partager nos ideaux et de faire en sorte que vous adheriez de bon gre a notre cause genereuse de protection de la nature. A cet effet, nous allons multiplier nos efforts pour expliquer patiemment et inlassablement nos objectifs afin que tout ttat, toute entreprise, toute association, tout menage, tout individu fassent siennes ces nobles intentions.

VI. La condition et I’hypothese s’expriment par les termes suivants : si, saufsi, тёте si + indicatif;

a condition de (que), a moins que, pourpeu que, en admettantque, asupposer que + subjonctif;

a condition de, a moins de + infinitif;

quand (bien тёте), au cas ой + conditionnel; avec, sans + nom ; etc.

§“T

E X E R C I C E 18. Reperez les connecteurs de but et de condition dans le dialogue ci-des- sous. Faites attention aux modes des verbes.

—Si nous terminons notre projet en mars, nous pourrons le presenter au patron avant son depart a la conference.

—On le finira a condition de travailler 6o heures par semaine. —A moins qu’il n’y ait d’autres problemes !

—Et sauf si on fait greve, comme le syndicat le prevoit.

—Quand bien meme on travaillerait nuit et jour, ce serait impossible !

Non ! Au cas ou on se repartirait bien les taches, ce serait tout a fait realisable.

II faut fixer la reunion du groupe pour que nous fassions le point. Notre intention sera de reperertous les points faibles du projet.

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C H A P I T R E II. L E C T U R E A T T E N T I V E D U T E X T E

—Sans une mise au point on ne pourrait pas avancer nos recherches ! —Asupposerque le projet soittermine en mars, on devrait verifiertous noscalcuts

en vue de sa mise en oeuvre immediate.

— Le succes depend de nous tous. Nous chercherons a deployer toutes nos ressources afin de le terminer avant fin mars.

8—r

E X E R C I C E 19. Reperez les connecteurs. Precisez leur valeur.

1.Tout semble avoir ete dit sur la publicite, et cependant I’une de ses fonctions majeures n’est guere pergue, encore moins proclamee : c’est que la publicite est au service du consommateur. En effet, sa mission est d’informer le public des caracteristiques des produits offerts sur le marche. C’est grace a elle (le repetera-t-on ja­ mais assez ?) que la vente de masse est rendue possible, et avec elle I’abaissement des couts. II arrive pourtant qu’on reproche a la publicite d’informer mal, voire de tromper. Face a cette accusation, la riposte spontanee du publicitaire est de s’insurger: comment pourrait-on, en effet, parvenir a vendre tous les jours, et pendant des annees, un meme produit a des millions de personnes si I’on mentait a son sujet ?

2.La France doit etre assez realiste pour admettre qu’elle n’est pas une super­ puissance. Elle doit avoir I’ambition d’un pays qui represente neanmoins une vraie puissance.

3.Si I’on passe en revue les appareils en fonction de leur anciennete sur le mar­ che, on s’apergoit que les nouveaux venus sont adules par les jeunes, tandis que les aTnes preferent les decouvertes de leur propre jeunesse. Ainsi, 96% des plus de 70 ans possedent la television en couleur, mais seulement 6 % usent du telephone por­ table et 2 % de I’ordinateur. A I’oppose, les jeunes jusqu’a 29 ans sont 44% a evoluer avec un combine nomade greffe sur t’oreille.

4.

L’hopital ou I’on dine « tard »

Un soir de semaine comme les autres, a I’hopital Lyon-Sud (Rhone). Le personnel commence a distribuer les repas dans les chambres. Quoi de plus banal que ce ballet parfaitement regie de chariots et de plateaux ? La routine cache, pourtant, une petite revolution, dans ce milieu hospitalier ou I’usage veut, en raison du systeme de rota­ tion des equipes soignantes, qu’on dine tres tot, des 18 heures. Sauf a Lyon, ou la direction, au prix d’un effort de reorganisation sans precedent, a reussi (’exploit de retarder I’heure du souper a ... 18 h 30 ! [...]

Dans cet etablissement de 900 lits, le defi consistait en effet a decaler le diner sans obliger les aides-soignantes et les infirmieres a quitter plus tard leur travail. C’est aujourd’hui chose faite, grace a I’inversion de certaines taches —par exem­ ple, refaire le pansement d’abord et servir le repas ensuite. L’equipe des cuisines, en revanche, a prolonge son service de trois quarts d’heure. L’initiative devrait rapidement faire ecole. Car I’heure du souper conditionne I’appetit. Qui influe directement sur le retablissement du patient. Et done, aussi, sur la duree de son sejour.

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§ 2 . C O N N E C T E U R S

E X E R C I C E 2 0 . Reliez ces propositions en un texte coherent en exprimant les liens lo­ giques a l’aide des connecteurs adequate.

Martine avait mis son reveil a 7 heures

{but) venir a I’heure a I’universite (opposition) le reveil n’a pas sonne

(cause) elle avait oublie d’appuyer sur le bouton (consequence) Martine a manque son premier cours (consequence) elle aura a recopier les notes de sa copine

(hypothese) Martine etait moins distraite, cela ne lui serait pas arrive.

8—

E X E R C I C E 21. Reconstituez le texte en retablissant Гordre logique des idees.

Ddgradation du milieu naturel

A.D’autre part, meme du point de vue interesse de I’economie, I’environnement est rentable. C’est ce qu’ont bien vu deux pays plus directement menaces que la Fran­ ce : Japon et Ёtats-Unis. Les economistes s’y livrent a des catculs prouvant que le progres de I’economie passe desormais par le progres de I’environnement. Celui-ci coute et coQtera de plus en plus cher. Mais ce qu’on depense pour lui est finalement un investissement.

B.Action desinteressee, vision utilitaire se conjuguent done pour faire prendre les mesures qui s’imposent en faveur de I’environnement.

C.Certes, « I’environnement» est devenu un terme tellement a la mode que beaucoup finissent par trouver qu’on en parle trop ou estiment que les necessites economiques doivent, en tout etat de cause, avoir le dernier mot. It у a la une grave erreur, et elle est double.

D.La prise de conscience du mal est recente, tardive, insuffisante. Cette insuffisance contribue a aggraver le probleme. Chacun, peu ou prou, est responsabte de la pollution. Certains s’indignent de ce que font les autres : c’est deja quetque chose ! Mais il у a aussi ceux qui n’ont pas conscience de la degradation de I’environnement, ou qui ne s’en soucient pas.

E.D’une part I’economie n’est pas un but en soi puisqu’elle est destinee a ameliorer le sort de I’homme. Or si I’on parle tantde I’environnement desormais, cela prouve que I’economie pour elle-meme ne suffit pas, que le cadre de vie a son prix et qu’avec le niveau technique atteint c’est meme lui qui devient prioritaire.

D’apres Yves Trotignon. La France au XXsiecle

8—т

E X E R C I C E 2 2 . Introduisez dans ce texte les connecteurs suivants: au contraire (2 fois), d’ailleurs, done (2 fois), enfin, en revanche, mais, on doit, par (3 fois).

L’incendiaire n’est pas un pyromane

Alors que le terme de pyromane est le plus souvent utilise, c’est, [opposition], a des incendiaires que [cause] la majorite des incendies criminels recents. « Les in-

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C H A P I T R E II. L E C T U R E A T T E N T I V E D U T E X T E

cendiaires allument des feux [cause] vengeance, [cause] jalousie ou [cause] interet, [opposition] sans souffrir d’aucun desequilibre mental. Ils relevent [consequence] du droit commun », explique le professeur Jean-Marc Albi (hopital Saint-Antoine, Paris). Incendiaires sont [consequence] I’ouvrier agricole qui voulait mieux debroussailler son champ et le jeune gargon qui voulait venger son pere.

Les pyromanes, [opposition], provoquent des incendies pour jouir du spectacle, auquel ils prennent un plaisir pervers. II existe [addition] plusieurs types de pyro­ manes selon les criteres psychiatriques. Certains sont des debiles legers, d’autres peuvent etre, [opposition], d’une intelligence superieure. Beaucoup d’entre eux sont des psychotiques revant de purifier le monde par le feu. [progression], les psychiatres insistent tous sur la publicite donnee aux feux de foret qui jouerait un role « d§clencheur» chez les pyromanes en puissance.

D’apres Le Monde

9—i

E X E R C I C E 2 3 . E m ployez d a n s ce texte les con n ecteu rs s u iv a n t s :pourtant ( 2 fois), sau f que, aussi, en ejfet, c’est-a-dire, mais (2 fois), voire, en ce qui conceme, comme.

La faim dans le monde

Avec [’augmentation du prix des produits agricoles, elle reapparaTt brutalement. C’etait... previsible, il fallait anticiper le probleme et non pas le precipiter. On a fait le contraire. La flambee des prix des denrees alimentaires a ete catalysee, si ce n’est provoquee, par I’absurde campagne des ecologistes en faveur des biocarburants. Les biocarburants sont une absurdite ... tant I’environnement que I’agriculture.... le prefixe bio fait tout passer. A quand le vocable de biostupide,... de biocriminel ? ... le dit Marcel Gauchet a propos des ecologistes : « Sous I’amour de la nature, la haine des hommes.»

..., le defi de la faim peut etre releve, a condition de mettre sur pied un vaste reseau de distribution des produits agricoles. Ce qui limite I’agriculture mondiale, c’est I’eau. On ne pourra developper une agriculture performante que dans les pays ой il pleut,... en climat tempere : I’Amerique du Sud, une partie de I’Amerique du Nord et I’Europe. ... , le monde utilise deja 20% de I’eau des fleuves, on ne peut guere aller au-dela.

On peut... tenter d’augmenter la production dans les pays d’Afrique, ... a condi­ tion, dans celcas-la, d’utiliser les OGM1 appropries.... en France nous sommes encore a debattrexfe peurs fantomiques concernant ces fameux OGM.

D’apres Le Point

1OGM — organismes genetiquement modifies.

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§ 2 . CONNECTEURS

Attention !

En analysant la structure logique d’un texte, il ne faut pas oublier que les memes connecteurs (par exemple, mais, aussi, pourtant, car et d’autres) peuvent avoir une « portee » differente. Ils expriment un lien logique entre deux termes d’une proposition :

Il est jeune et pourtant tres avise ;

entre deux phrases:

Il n’a pas promis d’appeler. J ’ai pourtant attendu son coup de fil toute la jo u rn ee;

entre deux paragraphes ou deux grandes unites de sens d’un texte. Ce sont ces derniers qui sont les plus importants pour en comprendre la structure logique et en faire un bon resume.

8—r

E x e r c i c e 2 4 . a) Quel est le lien logique entre les deux paragraphes du texte PParquel connecteur est-il exprime ? b) Existe-t-il d’autres mots de liaison a l’interieur de chaque paragraphe ? Quel est leur role ?

Depuis la fin du XIXе siecle, le racisme se manifeste de fagon predominate sous la forme du nationalisme. II apparaTt d’abord dans le nationalisme xenophobe classique visant preferentiellement le pays voisin, ensuite dans les ethnonationalismes contemporains qui rejettent les minorites et les « immigres », juges dangereux pour I’identite du peuple dominant ou pour I’ordre interieur, voire la souverainete de l^tatnation.

II parait done necessaire que la lutte antiraciste tienne compte de ces vecteurs privilegies du racisme que sont les mobilisations antinationalistes, qu’elles prennent appui sur des Ё1а15-паЬоп5 existants ou qu’elles s’affirment contre ces derniers en prenant la forme de micronationalismes separatistes.

Pierre-Andre Taguieff, philosophe, politologue et historien

§ ”- T

E x e r c i c e 2 5 . a) Dans le texte ci-dessous le mot aussi est repete trois fois. Son role est-il toujours le meme ? b) Le philosophe evoque trois problemes qu’il avait abordes devant les etudiants. Enumerez-les en gardant les connecteurs necessaires.

J’ai aborde devant vos etudiants le probleme de la justice. Ils ont ete tres interesses, notamment par son rapport avec [’indignation, la punition, la vengeance. Mais aussi parson caractere institutionnel. C’est important pour des pays qui sortent d’une indistinction entre la violence et le droit. J’ai egalement souleve le probleme de la memoire. Comment gerer sa propre memoire sans etre dans I’exces avec la comme­ moration sans fin, ou dans la fuite avec I’oubli vicieux. Je leurai dit aussi que I’histoire doit toujours etre reecrite. On a tellement vecu dans I’idee d’une histoire officielle. Si

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C H A P I T R E II. L E C T U R E A T T E N T I V E D U T E X T E

I’histoire est une critique de la memoire —la memoire est toujours selective —, il faut aussi une critique de I’histoire. Ce n’est pas bouleversant qu’on reecrive actuellement la revolution d’Octobre.

Paul Ricceur, philosophe

§ 3 . CHAMPS LEXICAUX

On appelle champ lexical I’ensemble des mots d’un texte qui se rapportent a une meme notion. Le choix des champs lexicaux sert a souligner une idee importante. Par exemple, si I’auteur veut insister sur I’idee de racisme, il multipliera les termes se rapportant a cette idee : races superieures et inferieures, nationalisme, xenophobie, purifications ethniques, etc.

Attention!

Si vous reperez un champ lexical abondant, vous etes surs qu’il illustre un point essentiel du texte.

§—T

E x e r c i c e 1. Lisez le texte suivant. Quel est, selon l’auteur, le trait caracteristique de la mentalite americaine ?

La religion affleure constamment chez les Americains. La devise « In God we Trust» (en Dieu nous plagons notre confiance) figure surtous les dollars. Et c’est par un traditionnel « May God bless you » (puisse Dieu vous benir) que les presidents americains concluent souvent leurs discours adresses a la nation.

Cette invocation constante du Createur n’est pas surprenante chez un peuple qui celebre comme un evenement fondateur le debarquement, en 1620, sur la cote du cap Cod, des Peres pelerins du Mayflower. Ces puritains de la Nouvelle-Angleterre se consideraient comme le peuple elu de Dieu.

Les siecles ont passe, mais ce messianisme des origines continue d’impregner les mentalites americaines.

D’apres B. Le Gendre

Trouvez dans le texte les mots appartenant au champ lexical de religion.

8—т

E x e r c i c e 2. Les trois extraits qui suivent exposent differentes conceptions du bonheur. Consultez le Dictionnaire des noms propres pour identifier les auteurs de ces conceptions. Quelle phrase peut servir a resumer chacune de ces approches ?

a)Le bonheurse definit comme une simple absence de malheur.

b)Le vrai bonheur est dans la communion avec Dieu.

c)Le bonheur est dans I’action.

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§ 3 . C H A M P S L E X I C A U X

Prouvez votre choix en relevant dans les textes les champs lexicaux se rapportant au malheur, a la religion, a Taction.

1.Saint-Augustin, haute figure du christianisme, oppose le bien-etre banal de t’homme de chair a la joie extatique du croyant: « Deux amours ont bati deux cites. L’amour de soi jusqu’au mepris de Dieu, la cite terrestre. L’amour de Dieu jusqu’au mepris de soi, la cite celeste ». Ce bonheur divin, les grands mystiques la ressentent parfois dans leurs visions et leurs transes. Mais pour le commun des mortels, c’est seulement au paradis que Ton peut etre heureux.

2.Le fait d’etre heureux doit se conquerir non pas au ciel, mais ici, sur terre ; non par le plaisir, mais par la vertu. II decoule de Taccomplissement de soi. Cette concep­ tion est partagee par de nombreux athees. « Le bonheur ne se veut pas tout fait, mais sur mesure », ecrivait Andre Gide dans L’lmmoraliste. Autrement dit, tout le monde peut le construire par ses actes, en realisant quelque chose d’utile a la collectivite.

«Le bonheur, c’est realiser dans I’age d’homme ses reves de jeunesse », affirmait en 1914 Leon Blum.

3.Certains pensent que le bonheur est un leurre destine a etouffer les angoisses et les souffrances de I’etre humain. Au XIXе siecle, le philosophe Schopenhauer le definit de maniere purement negative : loin de correspondre a un accord supreme entre soi et le monde, comme le voulait Platon, le bonheur n’est au mieux qu’un arret provisoire de la douleur. Gustave Flaubert, lui, le definissait comme « un mensonge dont la recherche cause toutes les catamites ». De son cote, Jules Renard confiait au debut du siecle dans son Journal: « On n’est pas heureux. Notre bonheur, c’est le silence du malheur».

E X E R C I C E 3 . L isez a tte n tiv e m e n t ce p a r a g r a p h s e t o b s e r v e z le s te r m e s so u lig n e s .

1. Leurcapacite de raisonner. les hommes I’ont utilise pour comprendre peu a peu le fonctionnement du monde qui les entoure. Au-dela des apparences, ils ont su de­ epиvrir des Constances, imaginer des lois, elaborer des modeles explicatifs. Leur cerveau leur a appris a ne pas toujours croire les yeux. Ce qui etait mystere est devenu phenomene conforme a la prevision. Grace a la science, les hommes ont pu reculer la frontiere qui separe ce qu’ils dominent de ce qui leurechappe. Ils ont ainsi developpe leur prise sur ce qui les entoure.

Peut-on regrouper ces termes ? Autour de quelle notion ? Quelle est Tidee principale du paragraphe ?

Les deux paragraphes suivants appartiennent au meme texte. Lisez-les attentivement et trouvez vous-meme les mots que Ton peut regrouper autour d’une autre notion. Retrouvez cette notion pour chacun des deux paragraphes.

2.Leur capacite de s’emouvoir, les hommes I’ont utilisee pour forger d’etranges concepts, ainsi la beaute ou I’amour. Nous nous emerveillons devant un ciel d’ete, mais il n’est beau que parce que nous le regardons. Dans cet univers qui ne sait qu’etre, nous avons apporte Temerveillement devant ce qui est.

3.Leur capacite a prendre conscience d’eux-memes, les hommes I’ont utilisee pour imaginer des exigences, ainsi I’egalite, la dignite, la justice. Quelles etranges inventions ! Rien dans la nature ne nous enseigne I’egalite, ni la dignite, ni la justice. Mais nous avons, sans que I’inspiration en vienne d’ailleurs que de nous, declare un jour que nous voulions realiser I’egalite en droit de tous les hommes.

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C H A P I T R E II. L E C T U R E A T T E N T I V E D U T E X T E

§ 4 . SYSTEME D’ENONCIATION

Le systeme d’enonciation est I’ensemble des indices qui permettent de comprendre:

•qui parle,

•qui prend a son compte les opinions ou les jugements prononces, •qui est le destinataire du message.

Dans un texte argumentatif il faut savoir identifier precisement celui a qui appartienttelou tel propos, afin de ne pas attribuera I’auteur les idees qui ne lui appartiennent pas et de deceler la polemique cachee eventuellement contenue dans le texte. il convient done de distinguer deux notions : celle d’auteur et celte de locuteur.

L’auteur est celui qui a ecrit le texte et dont le nom figure sur la couverture de I’ouvrage ou en bas de I’article. Parfois, dans des textes informatifs, par exemple, seule la voix de I’auteur se fait entendre. Mais parfois, dans d’autres textes (et cela arrive tres souvent dans les textes argumentatifs) I’auteur ne se limite pas a exposer son propre point de vue. Alors il introduit dans le cours de son expose plusieurs locuteurs dont il faut savoir distinguer les voix. Parmi les moyens composant le systeme d’enonciation d’un texte on pourrait signaler les pronoms personnels, les adjectifs possessifs, les pronoms et les adjectifs demonstratifs, les verbes d’affirmation et de jugement, I’emploi de certains modes verbaux, notamment du conditionnel.

Attention!

Les pronoms personnels peuvent etre ambigus. Le sens qui leur est attribue dans le texte depend des intentions de I’auteur.

Ainsi, le pronom je employe normalement pour designer I’auteur du texte, peut aussi indiquer une autre personne dont les paroles sont citees sous une forme voilee sans introduction et sans guillemets (procede qu’on appelle discours indirect libre).

Le nous peut designer I’auteur comme synonyme de je. On appelle cet emploi le

« nous de modestie ».

Le nous s’emploie egalement pour designer le lecteur/ le destinataire dans le cas ou I’auteur se solidarise avec le lecteur.

Le nous peut aussi s’employer ironiquement pour marquer une attitude contraire a celle de I’auteur.

Le pronom on peut avoir differentes valeurs :

•une valeur d’indefini: On m’a teldphoniplusieurs fois (on = quelqu’un) ; •une valeur generale : On peut toujours ce qu’on veut pourvu qu’on le veuille

bien (La Rochefoucauld) (on = tout le monde);

•une valeur de substitut (on est utilise a la place d’un autre pronom person­ nel) : On vafaire une balade demain (on = nous).

Comme substitut, dans un texte argumentatif, on peut designer: •le locuteur (il est alors mis pourje );

•le destinataire, par exemple le lecteur (on = vous); •I’adversaire qui n’est pas nomme (on = il(s)).

§ 4 . S Y S T E M E D E N O N C I A T I O N

9—r

E x e r c i c e 1. Quelle est la valeur de on dans les phrases suivantes ?

1.On est souvent ferme par faiblesse, et audacieux par timidite. (La Rochefoucauld)

2.II n’y a pas de liberte de I’esprit s’il n’est pas permis aux uns de soutenir des choses qui semblent aux autres radicalement fausses. On me dira que toute liberte

est assuree a ce qui est vrai et juste : c’est la definition meme de [’intolerance. II est trop facile de ne tolerer que les idees et les mots sur lesquels on est tous d’accord. 0. D’Ormesson)

3.Je conjure, j’implore les intellectuels roumains d’essayer de se consacrer aux problemes essentiels et non aux problemes sur les problemes. On ne m’ecoutera pas, je le sais. (E. Ionesco)

4.II est bien difficile d’affirmer qu’une psychanalyse a « gueri » quelqu’un ; elle I’a peut-etre gueri d’un comportement, d’une idee... Mais on ne peut pas dire qu’el­ le « guerit » une maladie au sens ou les antibiotiques guerissent une pneumonie. On peut etre gueri des symptomes de la depression, mais la cause est toujours la et merite d’etre analysee.

E x e r c i c e 2. Lisez le texte suivant. Dites quelle est la valeur de on dans la premiere phrase. Qui s’exprime a travers le pronomje ?

Combien en voit-on de ces jeunes couples, souriants, emus devant M. le Maire, les yeux humides, le cceur battant, lui guinde et bien coiffe, elle toute de blanc vetue, se retrouver accables, le cceur en berne, I’ame noire charbon, quelques mois, quelques annees apres.

Si j’avais su qu’elle n’aime pas Schubert! Si j’avais imagine qu’il soit interdit de sejour dans la region parisienne! Si j’avais su qu’elle voulait devenir depute! Si j’avais su qu’il croit a I’astrologie! Si j’avais su qu’elle pense toujours que c’est Louis XIV qui a ete decapite ! Si j’avais su qu’il aime mieux le cassoulet que la choucroute ! Si j’avais su qu’elle refuserait de coudre mes boutons !

Eh bien, si j’avais su, j’aurais dit Non a M. le Maire !

E x e r c i c e 3. Observez l’emploi des modes dans les contextes suivants. Faites attention au conditionnel qui aide a exposer les idees auxquelles l’auteur n’adhere pas.

1.La philosophie en France, est-elle toujours vivante malgre ceux qui la tournent en derision ? Est-il devenu inutile de lire Jean-Paul Sartre1 parce que son humanisme ne serait plus de saison, ou Michel Foucault2 parce que les dernieres braises de Mai 68 seraient eteintes depuis longtemps ?

2.En ecrivant mon premier livre sur le travail, j’ai voulu d’abord critiquer une idee qui devenait un lieu commun a mesure que se developpait le chomage, celle selon laquelle, de toute eternite, le travail aurait constitue le seul moyen d’epanouissement

1Sartre Jean-Paul — philosophe et ecrivain frangais (1905-1980).

2Foucault Michel — philosophe et essayiste frangais (1926-1984).

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C H A P I T R E I I. L E C T U R E A T T E N T I V E D U T E X T E

personnel et le seul fondement du lien social. Ma critique ne consiste pas a relativiser le travail mais a attirer [’attention sur le fait que sa place centrale dans la societe est recente et qu’elle repose peut-etre sur des ambiguTtes. (D. Meda)

3. Selon Gaston Bouthoul1, les guerres rempliraient aujourd’hui la fonction de regulation qu’assuraient autrefois les grandes epidemies : elles aboutiraient a une

« relaxation demographique ». Elles seraient une sorte de soupape de sQrete. C’etait a peu pres I’idee de Montaigne2. Cependant sous cet aspect simpliste, les theories de la pression demographique sont critiquables. Les pays les plus peuples ne sont pas les plus belliqueux, sinon la Hollande serait la nation la plus guerriere d’Europe, etant donne la densite de sa population. (M. Duverger)

9—Г

E X E R C I C E 4 . a ) L isez le te x te su iv a n t e n fa is a n t a tte n tio n a la d iffe re n c e d e s o p in io n s qui s’y font entendre.

Chaque annee, un lundi de novembre, deux auteurs de romans frangais font I’ouverture du journal televise de 13 heures : le laureat du prix Goncourt (cree en 1903) et celui du Renaudot (cree en 1926). Qu’un pays mette ainsi sa litterature a I’honneur, devrait rejouirtous ceuxqui defendent les livres. Pourtant, a chaque fois, ce ne sont que sourires en coin et accusations : les jures, inamovibles, ne seraient pas indepen­ dants, les prix seraient truques, et les editeurs s’entendraient pour partager le gateau. Trois d’entre eux, Gallimard, Grasset et Le Seuil, a force d’avoir leurs habitudes sur les podiums, sont meme confondus sous le sobriquet commun de « Galligrasseuil ».

Tout serait done attendu, prevu, verrouille. Le laureat n’aurait qu’a se rejouir d’avoir ete la au bon moment pour servir les interets de sa maison, empocher I’argent, se taire, disparaTtre meme parfois, tue par le succes. II ne faudrait surtout pas qu’il se mette a croire qu’on a distingue son livre et son talent.

Si la mecanique etait aussi bien huilee, I’affaire serait entendue : les prix auraient disparu, emportes par le ridicule et le discredit. Mais ils survivent, dans un labyrinthe d’interets symboliques, politiques et financiers dont les composantes changent periodiquement.

b) Parmi les phrases donnees, quelles sont celles qui correspondent au point de vue de l’auteur du texte ? Les idees que 1’auteur ne partage pas, a qui peut-on les attribuer ?

1.Les prix litteraires symbolisent I’interet que les Frangais continuent a porter a leurs belles lettres.

2.Les jurys manquent d’independance et ne font que suivre les indications des grandes maisons d’edition.

3.Ni le talent de 1’auteur, ni la qualite de I’ouvrage ne sont veritablement pris en compte. Ce sont les interets economiques qui prevalent.

4.Les prix litteraires survivent malgre toutes les luttes acharnees qui accompagnent leur distribution.

1Bouthoul Gaston — sociologue frangais (1896-1980).

2Montaigne Michel — ecrivain frangais (1533-1592).

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