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Un bilan contesté de la politique de l'immigration en France

La France a réalisé 29796 expulsions ou retours volontaires d'immigrés en 2008, ce qui porte le bilan à 45000 depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, a annoncé mardi Brice Hortefeux.

Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, qui devrait prochainement quitter son poste, a estimé que ce résultat, situé au-dessus de l'objectif 2008 de 26000 fixé par le président français et supérieur aux 23000 de 2007, permettait à la France de changer d'époque.

"Pour la première fois depuis une génération, le nombre de clandestins a commencé à décroître", a-t-il estimé dans un discours lors d'une cérémonie de voeux.

Ses opposants critiquent sur le principe les objectifs chiffrés et estiment que le résultat de 2008 a été "gonflé" artificiellement par les retours négociés et rémunérés de Tziganes roumains ou de Bulgares, qui pourront revenir quand ils veulent, étant citoyens européens.

Le PCF parle de "déni d'humanité".

L'organisation Réseau éducation sans frontière (RESF), créée pour s'opposer aux expulsions, a salué le départ prochain du "ministre de la rafle, Stakhanov de l'expulsion, ministre du chiffre imposé à tous les étages des administrations, (...), ministre de la peur, celle des enfants qui revenant de l'école, n'ont plus revu le père, la mère ou le frère, quitté le matin".

Ami personnel de Nicolas Sarkozy depuis trente ans, Brice Hortefeux doit quitter prochainement ce ministère de "l'Immigration et de l'Identité nationale", intitulé imaginé par Nicolas Sarkozy durant sa campagne et très critiqué.

Il devrait prendre le portefeuille du Travail, laissé libre par Xavier Bertrand, appelé à diriger l'UMP. Brice Hortefeux serait remplacé par l'ancien socialiste rallié à la majorité de droite Eric Besson.

Hortefeux a défendu avec vigueur son bilan, marqué par des accords avec plusieurs pays africains et un Pacte européen de l'immigration en octobre, retenant plutôt ses options, avec notamment un refus de principe des régularisations massives. Il a revendiqué une "rupture" avec les autres gouvernements.

"Le véritable changement, la véritable rupture, la véritable nouveauté, c'est que le tiers de ceux qui repartent chez eux, le font désormais de manière volontaire", a-t-il dit. Le fait qu'ils concernent des Roumains ou Bulgares pouvant revenir à tout moment ne remet pas en cause ce résultat, a-t-il estimé.

"Cela signifie que notre action est chaque jour davantage comprise. De plus en plus d'étrangers en situation irrégulière comprennent que le séjour en France repose sur des règles que nous sommes clairement déterminés à appliquer", a-t-il dit.

Fustigeant "les patrons voyous et les marchands de sommeil" accueillant des clandestins, il a confirmé que la France se proposait d'aider les pays d'origine et s'est dit soucieux de respecter "les droits fondamentaux" en cas d'expulsion forcée.

Les opposants à sa politique la contestent en estimant que les immigrés illégaux en France, estimés à plusieurs centaines de milliers, subissent une certaine hypocrisie car les pouvoirs publics qui veulent les expulser les toléreraient en masse au travail, notamment dans la restauration et le bâtiment.

Ils payent souvent leurs impôts, sont déclarés et ne seraient donc plus vraiment clandestins.

Après une grève d'employés de la restauration parisienne appuyée par le patronat, Brice Hortefeux a d'ailleurs consenti à la régularisation de plusieurs centaines d'étrangers sans papiers l'automne dernier, font-ils remarquer.

Les opposants relèvent enfin les nombreux incidents liés aux objectifs chiffrés, opérations policières à l'école, suicides d'immigrants lors de leurs arrestations ou surpeuplement des centres de rétention. Celui de Vincennes, le plus grand de France, a été détruit par un incendie en juin.

Selon Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS, la France a "une vision très dépassée, du début du XXe siècle, policière, étatique".

Thierry Lévêque

Le Point

13 janvier 2009