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Багдасарян 3.doc
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Premières notions linguistiques Métaphore

Chaque objet ou phénomène de la réalité objective est désigné dans la langue par un mot (ou parfois groupe de mots) qui lui correspond. Pourtant, un mot qui désigne un objet peut être employé pour en dési­gner un autre. Cela s'appelé le transfert de sens ou l'emploi du mot au sens figuré. Les deux objets — celui dont le nom a été pris pour dési­gner un autre objet et celui qui a été désigné par le nom d'un autre ob­jet, autrement dit, l'objet qui a «donné» son nom et l'objet qui a «re­çu» le nom d'un autre peuvent être liés par les rapports de ressemblan­ce: l'objet (phénomène, action, qualité, etc.) dont le nom a été employé au sens figuré à un trait commun, ressemble à l'objet qui a été désigné par ce nom. Ce type de transfert de sens est le plus répandu ; il est connu sous le nom de métaphore. Par exemple, quand nous disons en parlant d'un homme que «c'est un lion», nous avons en vue que cet homme ressemble au lion parce qu'il est aussi brave et fort qu'un lion.

La métaphore est un phénomène très complexe. Premièrement, la mé­taphore est un des moyens de la formation de mots nouveaux, ou des sens nouveaux des mots déjà existant dans la langue. C'est-à-dire, que la métaphore participe à l'évolution sémantique du vocabulaire de la lan­gue. Les mots tels que : pied d'une chaise, bec d'une théière, nez d'un navire, feuille de papier, sources d'information, etc. sont formés par voie métaphorique : à la base du transfert de sens il y avait un lien de res­semblance de forme, de fonction, etc. Ces mots désignent des objets et des phénomènes concrets. Le lien de ressemblance qui a servi de base au transfert de sens n'est plus ressenti. Ce sont des métaphores effacées : cela veut dire que dans la langue de nos jours les mots formés par mé-taphorisation sont stylistiquement neutres, ils n'ont aucune valeur affec­tive et peuvent être employés dans n'importe quel texte y compris l'in­formation officielle ou une description exacte.

Deuxièmement, la métaphore est un moyen de création d'une image. Les métaphores imagées ont une valeur affective plus ou moins grande grâce au fait que le lien de ressemblance avec l'objet concret ou la no­tion abstraite qui a «donné» son nom est ressenti; cela constitue une image. Les métaphores imagées peuvent être 1) traditionnelles à valeur affective, qui gardent toujours leur valeur affective, mais dont l'expres­sivité s'est amoindrie grâce à la fréquence d'emploi : le sommet de la gloire, le déclin de la vie. C'est justement le groupe de métaphores tra­ditionnelles qui fournit les métaphores lexicologiques, désignant des objets concrets sans donner aucune appréciation, aucune nuance supplémentaire

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^serviette nid d'abeille, brosse tête de loup. C'est un moyen de la for­mation de mots nouveaux assez fécond dans le français d'aujourd'hui.

Les métaphores traditionnelles sont très nombreuses dans la phraséo­logie : jouer avec le feu ; tuer le temps ; un coup de tête, etc. ; dans la presse ; le dégel des prix ; les élections préfabriquées ; vague de grè­ves, etc.

2) Avant de passer dans la catégorie des traditionnelles une métapho­re apparaît pour la première fois comme une création individuelle, origi­nale- Pour ce type de métaphores le lien de ressemblance est presque toujours inattendu et subjectif, c'est pourquoi leur valeur expressive est très grande et leur rôle dans un texte est important. Une métaphore in­dividuelle fait voir la vision du monde d'un écrivain, exprime son credo es­thétique, permet d'introduire des éléments appréciatifs : elle peut servir de moyen de caractérisation d'un personnage, d'une situation, d'un phéno­mène psychologique ou social évoqué dans un texte. Employée dans un texte une métaphore individuelle le rend très expressif, imagé, parfois poétique (suivant la nature de la métaphore) ; elle peut être développée, c'est-à-dire comprendre plusieurs mots, se transformer en symbole, con­stituer le pivot stylistique d'un grand texte autour duquel ce texte s'or­ganise.

EXERCICES

I. Voilà quelques phrases tirées des textes étudiés.

  1. Observez les métaphores, divisez-les en métaphores traditionnelles et individu­ elles;

  2. Analysez le rôle qu'elles jouent dans les textes d'où elles sont tirées (création d'une caractéristique expressive, poétique, pittoresque d'un personnage, appré­ ciation d'un personnage, d'une situation, expression du point de vue de l'auteur, etc.) :

§ 1. ... Jean-Marc l'attendait, assis dans l'antichambre, en face de Mlle Bigarres, préposée au filtrage des visiteurs. § 2. Nous cinq, les principaux acteurs, dont il faut dire que nous avons tous fort bien joué notre rôle. § 3. Faire de Paul un normalien. Auréol, soleil de culture. § 4. Delmont se sentit submergé par un flot d'amertume. § 5. ... on se confine dans de vieux bureaux et de vieux principes, alors que le monde est plein de richesses et de possibilités nouvelles. § 6. Tabard était un journaliste marron de qui l'hebdomadaire, bourré de potins, passait pour une feuille de chantage. § 7. Les voitures soulevaient des gerbes de boue ••• . § 8. Cette ultime révélation... couronna leur métamorphose. § 9. Le jour où ce fut mon tour quand je me vis sur mon perchoir, mitraillé par tous ces yeux, mon sang se plaqua sur mes joues... Mais le profes­seur s'était assis sur le dernier gradin afin d'encadrer ses soldats. § 10. ••• l'Isère qui serpente sous une brume légère, légère, c) Lesquelles de ces métaphores sont surtout expressives ? Pourquoi ? "• Relevez d'autres métaphores dans les textes étudiés. Divisez-les en métaphores

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traditionnelles et individuelles. Analysez leur rôle dans l'incarnation des idées dnj texte.

III. Observez les oppositions ci-dessous. Nommez le trait de ressemblance qui a servi ! de base au transfert métaphorique :

la lumière électrique — la lumière de connaissances; les torrents des montagnes — le torrent des passions ; une robe noire — un chagrin noir ; carrefour des rues — carrefour de deux siècles ; le seuil de la maison — le seuil de la vie ; une branche souple — un caractère souple ; l'enfant riait — le soleil riait; l'air froid — un accueil froid;

IV. Expliquez l'image qui est à la base des métaphores ci-dessous :

Modèle: une volonté de fer — on parle de la volonté comme si ce trait de la nature humaine avait des qualités matérielles—la fermeté, la résis­tance, l'inflexibilité : une volonté aussi ferme, aussi inflexible que le fer.

un cœur d'or; blesser l'amour-propre; sa douceur cache une grande fermeté ; manger qn des yeux ; la lecture nourrit l'esprit ; la dureté de l'âme; Le travail est un remède contre la souffrance.

*V. Relevez les métaphores dans les textes étudiés ; nommez les comparaisons sous-entendues qui expliquent l'emploi de ces mots au sens métaphorique. Expliquez pourquoi ce trait de ressemblance et pas un autre est à la base du transfert mé­taphorique du point de vue du développement des idées du texte.

M ode le: Nous cinq, les principaux acteurs dont il faut dire que nous avons tous fort bien joué notre rôle. (H. Bazin, § 2) —Dans cette propo­sition il y a deux métaphores individuelles : acteurs et jouer son rôle. Les deux appartiennent à la même notion de «théâtre», elles créent la même image. Le trait de ressemblance est le caractère hors nature, affecté, artificiel de la conduite des personnages. Grâce à l'emploi de ces métaphores individuelles l'auteur donne une caractéristique très juste et expressive de la situation insupportable, peu naturelle dans la famille Rèzeau, de la nature des relations entre les membres de cette famille abominable.

En faisant cet exercice accordez une attention pariculière au texte du § 2 qui abonde en métaphores individuelles.

VI. Observez les unités phraséolpgiques des exercices des § 8 et 9. Indiquez celles oui sont basées sur les emplois métaphoriques. Analysez ces métaphores du point de vue du mécanisme de leur création, c'est-à-dire, en trouvant les comparaisons sous-entendues qui expliquent l'emploi d'un ou de tous les composants au sens figuré.