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практикум 22 сент.doc
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13.11.2018
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L’ellipse

    Dans son incontournable ouvrage sur la Bande Dessinée « L'art invisible » (lisez-le absolument !), Scott Mac Cloud attire notre attention sur un mécanisme qui, d'après lui, est fondamental en matière de lecture de B.D. : l'ellipse. Voici comment Mac Cloud l'explique : « Les cases d'une bande dessinée fragmentent à la fois l'espace et le temps, proposant sur un rythme haché des instants qui ne sont pas enchaînés. Mais notre sens de l'ellipse nous permet de relier ces instants et de construire mentalement une réalité globale et continue. » Par exemple :

"L'art invisible" (c) Vertige Graphic

    « L'ellipse volontaire que pratique le lecteur est le moyen fondamental par lequel la bande dessinée peut restituer le temps et le mouvement. »

    En fait, beaucoup de choses se passent dans l'espace entre les cases (nommé en anglais « caniveau »).     Mac Cloud distingue six types d'enchaînements entre deux cases :

Jojo (c) Dupuis De moment à moment : l'action a très peu changé entre les deux cases

Laïyna (c) Dupuis D'action à action : la progression de l'action est plus forte

Jérome K. Jérome Bloche (c) Dupuis De sujet à sujet : il y a un changement de focalisation à l'intérieur du même thème. Le lecteur doit établir des rapports entre les cases pour que l'action ait un sens

Jimmy Boy (c) Dupuis De scène à scène : les cases ont des contenus très éloignés, un raisonnement déductif est souvent indispensable pour comprendre les enchaînements

"L'art invisible" (c) Vertige Graphic De point de vue à point de vue : la notion de temps est évacuée en grande partie, cet enchaînement rend compte des différents aspects d'un endroit, d'une atmosphère

Et enfin la solution de continuité : deux cases juxtaposées sans aucun rapport logique entre elles (et il n'y a pas d'exemples dans ce cas là).

    Il est évident que ces différents enchaînements ne demandent pas le même type d'efforts de compréhension au lecteur, et que la façon dont l'auteur va utiliser tel ou tel d'entre eux jouera sur la complexité de la lecture.

    Par ailleurs, l'étude que fait Mac Cloud de diverses bandes dessinées montre qu'en occident les auteurs utilisent surtout les enchaînements 2, 3 et 4, aussi bien dans les comics comme Superman que dans Tintin. Les B.D. japonaises, par contre, s'écartent du schéma européen, utilisent souvent les enchaînements 1 et surtout 5. Contrairement aux B.D. européennes, elles tendent à insister beaucoup plus sur l'état que sur le mouvement. Un des secrets de leur succès en occident et en France ?

    Toujours dans "L'art invisible", Mac Cloud fait observer qu'on a souvent tendance à considérer qu'une case représente un « moment » de temps, une photographie de la situation à un instant « t1 », les cases suivantes représentant les instant « t2 », « t3 », etc... Ce n'est bien sûr pas toujours faux, mais ça l'est très souvent, et c'est en tout cas très réducteur.

    Prenons pour exemple la case suivante (Mac Cloud, « L'art invisible ») :

"L'art invisible" (c) Vertige Graphic

    L'action décrite dans cette case unique est en fait une succession d'actions qui ne sont en aucun cas simultanées puisque consécutives les unes aux autres. Entre la première et la dernière, il peut s'être écoulé une trentaine de secondes. En fait, cette case pourrait très facilement être fragmentée en plusieurs, comme ceci :

"L'art invisible" (c) Vertige Graphic

 

   Une case n'est pas une photo !

  Par ailleurs, le dialogue n'est pas la seule façon par laquelle rendre l'impression de durée à l'intérieur d'une case. Jetons un coup d'oeil à cette case d'Hergé :

Coke en stock (c) Casterman

   

Le sens de lecture étant de gauche à droite, on voit bien comment la succession d'attitude des attaquants rend l'impression de temps en décomposant leur mouvement de fuite, depuis celui qui est encore couché à celui qui est déjà en pleine course. Il arrive ainsi à dire en une seule case que les bédouins sont paniqués par la colère du capitaine Haddock, abandonnent leur poste et s'enfuient tous. On peut également illustrer l'afirmation qu'une case n'est pas une photo en tentant de "chronométrer" l'action se déroulant dans une succession de cases. Prenons la planche suivante, extraite des "Olives noires" de Sfar et Guibert :

Les olives noires (c) Dupuis

Première case, l'homme vient de se réveiller et regarde son fils dormir : ça peut durer de quelques secondes à quelques minutes. Deuxième case, il recouvre son fils : 5 à 10 secondes. Troisième case, il s'est installé près du feu et veille : ça peut être aussi bien une demi-heure que deux ou trois heures. Quatrième case, un dialogue très court entre le père et le fils : mettons 10 secondes. Cinquième case, ils préparent leur départ, le père bâte l'âne : une bonne demi-heure.Sixième case, ils se rendent à la ville voisine : là aussi, ça peut être aussi bien une demi-heure que trois heures. On voit bien que ces six cases, de dimensions identiques, recouvrent des durées totalement différentes. En fait, plutôt qu'à une photo, on pourrait paradoxalement comparer une case aux phrases ou aux paragraphes d'un texte. Si j'écris : "Le père remonta la couverture sur son fils. Puis il s'intalla près du feu et attendit l'aube.", j'ai deux phrases, à peu près de la même longueur, mais qui décrivent des actions de durées totalement différentes. Ce qui, malgré la composante largement graphique de la Bande Dessinée, nous ramène tout droit à son aspect narratif : avant tout, la Bande dessinée raconte quelque chose.

des onomatopees dans la bande dessinee

On peut aborder plusieurs aspects des onomatopées : aspectsé, graphiques, musicaux.

Principe de l’onomatopee

Pour des raisons évidentes, on pourrait croire que la bande dessin&e est priv&e de son. Pourtant il est bel et bien pr&sent : sous la forme de dialogues mais aussi grace aux onomatopees.